On clame à tout va qu’il faut réduire la fracture numérique dont les seniors sont les premières victimes. Et de citer cette fracture parmi les grandes causes de l’isolement des seniors et de tout ce que cela entraine. Aux grands maux, les grands remèdes ; on assiste donc à une multiplication des initiatives, tant publiques que privées, pour vaincre les réticences numériques des seniors et faciliter leur équipement. Et si finalement, les seniors avaient raison de se tenir à l’écart des tourbillons numériques ? Ou, en tout cas de s’en méfier, notamment, des arnaques numériques ?
Aperçu en quelques titres
Les seniors, cible privilégiée des arnaques numériques
L’équipement numérique des seniors en panne technique et culturelle
La panne est technique, mais aussi culturelle. Les seniors ont déjà du mal à s’en sortir avec les multiples « zapettes « qui vont avec n’importe quel abonnement à un service de streaming, mais au moins là, tout reste, en principe, « à la maison ». Aucun risque, hors mis celui de tout dérégler et de ne plus savoir comment retrouver son programme préféré.
Panne technique
Mais, quand il s’agit de téléphone mobile, d’ordinateur et d’accès internet, c’est une autre paire de manches. La bataille est rude et elle se conclut souvent par un abandon.
Vexé par de multiples « manip » intempestives, l’ordi se met « en carafe » et reste à bouder dans son coin jusqu’au prochain passage du petit-fils qui voudra bien sortir papy ou mamy de son « pétrin » numérique. Les enfants, de leur côté, excédés devant tant d’impéritie, sont très heureux de pouvoir déléguer le pensum à leur progéniture.
Quant au merveilleux smartphone à écran tactile, reçu comme cadeau à Noel, il a tôt fait d’être remplacé par un bon vieux téléphone mobile à grosses touches qu’on peut laisser tomber sans risque au fond d’un sac et à qui il faut en faire des tonnes pour qu’il cesse de fonctionner.
Panne culturelle
Cela dit, « la panne » n’est pas que technique, elle est aussi culturelle. Les seniors se méfient du numérique. A juste titre ! Le monde dans lequel ils ont été éduqués ne ressemble plus guère à celui dans lequel ils vivent.
Il y a 50 ans, la norme était celle de l’honnêteté, du juste prix et de la qualité du produit ou du service. Sans avoir besoin de le vérifier. Aujourd’hui, c’est plutôt l’exception, et les seniors doivent, en permanence, s’assurer de ce qu’on leur vend.
Le numérique peut les y aider, mais aussi contribuer à les fragiliser. Résultat des « courses », une grosse moitié des plus de 75 ans n’a pas d’accès à internet et ne cherche pas vraiment à en avoir.
L’exemple du timbre rouge de La Poste ou le numérique obligatoire
La Poste, oui, oui, la Poste aux belles boîtes à lettres jaunes, est si intimement convaincue du tout numérique qu’elle vient de supprimer son timbre rouge pour lettres prioritaires pour le remplacer par une e lettre rouge. Beaucoup plus moderne et soucieuse de l’environnement, selon elle.
Et tant pis pour les seniors toujours plongés dans l’illectronisme.
Désormais, donc, amis seniors, vous qui aimez envoyer un petit mot bien calligraphié, de temps en temps, à vos petits-enfants, il va vous falloir le « taper » sur un ordi, et donc en acquérir un, si vous n’en avez pas. Super, non ! Que la vie est belle en Absurdie !
Car, ce n’est pas fini. Après avoir « tapé » votre courrier, sur votre bel ordi tout neuf, il va vous falloir l’envoyer par mail à un bureau de poste, en tout cas, si vous voulez qu’il parvienne à votre destinataire sans délai.
Là ; que c’est beau ; il sera imprimé et envoyé par la Poste, tout comme avant, par le postier réceptionnaire. Confidentialité assurée, cela va de soi ! Alors, tout est bien.
Voilà une réforme « qu’elle est bonne » ! Vous n’y croyez pas ? On n’est pas encore en avril et ce n’est pas l’heure de sortir les poissons du 1er du mois ? Et pourtant, c’est bien la triste réalité.
Laquelle s’ajoute à celle qui devient la règle pour tout ce qui concerne, notamment, la santé, poste ô combien important pour les seniors, tel que tout ce qui touche, entre autres, à la prise de rendez-vous ou à la télésanté.
Bref, amis seniors, si on ne peut se passer du numérique, non seulement, il faut apprendre à bien s’en servir, mais aussi à ne pas créer une occasion de plus de se faire arnaquer.
Les arnaques numériques spécial seniors
Car, pour les seniors, malheureusement pour eux, au-dessus de l’entrée dans l’espace numérique « spécial seniors » dans lequel ils s’aventurent, par force, on est obligé de mettre la pancarte : « Bienvenue au royaume des arnaques » ! De fait, il faut bien le dire, les seniors y constituent un gibier de choix. Pratiquement sans défense et, en principe, le portefeuille bien garni.
Situation qui passe carrément au-dessus de la tête des bonnes âmes, ne disons pas lesquelles, par crainte d’être accusé de faire de la discrimination, qui veulent absolument libérer les seniors de leur enfermement numérique et leur démontrer combien être connecté au monde entier est une vraie bénédiction et une source de bonheur.

Comme on peut s’y attendre, les arnaques sur internet visant les seniors font preuve d’une prodigieuse imagination. Si certaines sont facilement décelables, d’autres sont pratiquement indétectables. Par ailleurs, elles circulent pour les unes sur toute la « toile », pour les autres, surtout sur les téléphones portables.
Exemples d’arnaques numériques
A titre d’exemples, citons, entre autres :
« L’écran bleu »
Il touche naturellement plutôt les utilisateurs d’ordi. Un beau matin donc, l’utilisateur a la mauvaise surprise de voir un écran bleu à la place de son habituelle image d’accueil quand il met en marche son ordi. Quoi qu’il fasse, rien n’y fait. Patelin, un interlocuteur anonyme lui donne un numéro de téléphone où il pourra joindre un quidam censé démêler son affaire. A éviter absolument, bien sûr, et bien au contraire, couper tout simplement l’alimentation de l’ordi.
Le sms « colis arrivé » ou « à récupérer à temps »
Là, ça concerne les téléphones mobiles. Message dangereux quand on a fait une commande par internet qui n’a pas encore été livrée. On peut être tenté de cliquer sur le lien pour savoir où on en est. En vérité, les livreurs, privés ou publics, ne fonctionnent jamais de cette façon. Ils donnent toujours un numéro de suivi à consulter sur leur site officiel et c’est seulement à partir de ce numéro qu’on peut suivre réellement la livraison d’une commande.
le sms « parent ou ami en détresse«
Là aussi, ça concerne plus spécifiquement les téléphones mobiles. Le message annonce qu’un ami ou un parent est en détresse au fin fond d’une brousse quelconque, qu’il a des problèmes et qu’il n’a plus d’argent pour faire quoi que ce soit. Bref, il faut le dépanner. Evidemment, ça ne ressemble à rien, mais quelque fois ça marche. Naturellement, il faut s’empresser de jeter à la corbeille un tel message sans chercher à ouvrir le lien qui l’accompagne pour en savoir plus.
Le faux écran d’un service public ou privé.
Retour aux ordi. Dans ce cas, l’utilisateur veut consulter un page internet pour obtenir une information particulière. Mais, pour ça, il faut cliquer sur un lien spécifique et naturellement sans objet. Pour les seniors encore en activité, c’est une des techniques de phishing, très fréquemment utilisée, basée sur les recherches concernant, notamment, les comptes personnel formation (CPF).
Mais, comme la plupart des gens ne savent pas ce que c’est que le CPF, le message leur indique qu’ils ont un compte bien garni sans le savoir, en quelque sorte un compte « secret », dont ils vont perdre tout le bénéfice ; c’est quand même embêtant ; s’ils ne se manifestent pas. Alors la tentation est grande de « cliquer », malgré tout.
En bref, le site cybermalveillance.gouv.fr, qui a reçu près de 2,5 millions de visiteurs en 2021, ce qui illustre bien la gravité du problème, liste de son côté pas moins d’une dizaine de cybermalveillances, c’est le nom officiel donné aux arnaques, parmi les plus fréquentes.
Conséquences d’une arnaque
Etre victime d’une arnaque numérique, c’est loin d’être drôle. C’est un peu comme perdre tous ses papiers, carte bancaire comprise, dans un hall de gare ou d’aéroport. Sauf que là on les a toujours, mais d’autres aussi et bien plus encore. Et c’est ça qui craint.
Une arnaque numérique qui réussit, c’est l’assurance pour l’arnaqué d’avoir transmis à des inconnus tous ses codes d’accès à ses comptes mails, à ses comptes bancaires et à ses numéros d’identification sécu ou autres.
Au pire, on perd de l’argent, au mieux, si on peut dire, on donne une multitude d’infos personnelles à des gens qui vont s’empresser d’en faire un usage illicite comme de fausses cartes d’identité, etc., ou les revendre à des sociétés peu regardantes pour alimenter leur prospection commerciale.
Quand la fraude est avérée, il ne reste plus qu’à la déclarer, le cas échéant, suivant sa gravité, et à changer par précaution tous ses codes d’accès. Opération certes fastidieuse, s’il en est, mais, indispensable.
Principaux conseils à suivre pour éviter les arnaques numériques
Installer un logiciel anti arnaques numériques
Installer un logiciel antipiratage sur ses installations informatiques constitue assurément un première ligne de défense. Mais, on aurait tort de croire qu’elle suffit à tout.
Par suite, même si on a installé sur son ordi des défenses comme celles que procurent des logiciels tels que, entre autres, Windows Defender, MacAffee, Anti-Hacker, etc. rien n’interdit, bien au contraire, d’adopter quelques gestes barrière qui les complèteront bien utilement.
Ne jamais cliquer sur un lien suspect
Oui, mais c’est quoi un lien suspect ? Pour faire court, c’est un lien bizarroïde avec plein de lettres et de symboles. Méfiance, méfiance ! Mais, de la même façon, on peut craindre tout lien inattendu. Quelle que soit sa forme. Comme une pièce jointe, par exemple.
Ne jamais répondre à l’appel d’un numéro de téléphone inconnu
S’il y a une réelle demande ou information à transmettre, il y a un répondeur pour savoir de quoi il s’agit sans avoir à prendre de risque. D’une manière générale, aucune urgence ne nécessite de se précipiter pour répondre à un tel appel. La plupart du temps ce ne sont que des appels de prospection commerciale qu’on a tout intérêt à bloquer. C’est facile, il suffit de cliquer sur la touche appropriée qui apparait quand l’appel s’affiche. Et à plus forte raison s’il est catalogué comme spam.
Ne transmettre aucune information confidentielle
D’une manière générale, il ne faut jamais transmettre d’informations confidentielles à qui que ce soit. Il faut ainsi mettre fin, immédiatement, à tout échange téléphonique non sollicité qui devient intrusif. Cependant, on peut quand même le faire sur certains sites de e-commerce, dont on est sûr, comme Amazon, par exemple.
Penser à éteindre régulièrement ordi et mobile
Une manip simple pour limiter les risques de piratage consiste tout simplement à éteindre son ordi et son mobile quand on ne s’en sert pas. Outre le fait que ça limite la consommation d’électricité, ça présente aussi l’intérêt d’effacer un grand nombre de cookies et surtout d’empêcher des visiteurs indélicats de s’y connecter de manière subreptice.
Comment porter plainte quand on a été victime d’arnaques numériques

Quand c’est trop tard et qu’on est victime d’une arnaque numérique, il ne faut pas rester sans rien faire. Il ne faut pas hésiter à porter plainte au commissariat de police ou à la brigade de gendarmerie dont on dépend.
Evidemment, ce n’est pas drôle et c’est décourageant. Mais, on peut aussi se faire accompagner par une association de France Victimes qui, d’ailleurs, ne sert pas qu’à ça et qu’on peut joindre au 116 006.
A ne pas oublier : pour que la plainte aboutisse, il faut des preuves du piratage ! Donc, avant de remettre toute l’installation en ordre, soit par soi-même, soit avec l’aide d’un professionnel, il faut pouvoir les faire authentifier.
Forte croissance des arnaques numériques
Il ne faut pas croire que la cybercriminalité ne vise principalement que les entreprises. En réalité, les cybercriminels ont souvent plus à gagner en multipliant leurs opérations de piratage et en s’attaquant, de préférence, à des particuliers sans défense, dans lesquels les seniors figurent en bonne place.
Deux chiffres à retenir pour conclure : 80 % des attaques sont des attaques de phishing à base de faux sites et 35 %, soit plus de 1 sur 3, des internautes y sont exposés.
En bref, certes la fracture numérique, principale conséquence de l’illectronisme des seniors, doit être résorbée, mais pas sans s’accompagner d’un certain nombre de précautions. Sinon, sa réduction n’est qu’une porte ouverte sur l’Enfer.