On y pense pas toujours, mais il y a des façons simples de mobiliser toutes ses ressources intellectuelles et créatives quand on est senior : c’est de pratiquer l’art-thérapie. Plus simplement, ou moins doctement, c’est d’écrire ou de lire, on aime parler alors de bibliothérapie, mais c’est aussi de peindre ou de … coudre !
Et c’est fou ce que ça fait un bien immense passé un certain âge. Voilà une belle façon d’apprivoiser la vieillesse aurait dit le petit Prince. Sans même parler des revenus complémentaires qu’une telle activité peut rapporter pour peu qu’on s’organise pour qu’il en soit ainsi.
Aperçu en quelques titres
C’est quoi l’art-thérapie ?
Définition de l’art-thérapie
Pour l’UQAT, l’Université du Québec en Abiti-Témiscamingue, une région de l’ouest du Québec, spécialisée dans ce domaine :
L’art-thérapie se définit come une démarche d’accompagnement psychologique d’une personne ou d’un groupe en difficulté, centrée sur l’expression de soi, de ses pensées, de ses émotions et ses conflits dans un processus de création d’images.
Cela dit, il y a plusieurs façons de concevoir ce processus. Il y a, notamment, la façon américaine et la façon européenne. La façon américaine est beaucoup plus spécifique que la façon européenne. L’art-thérapie vue d’Amérique est ainsi essentiellement un processus d’ordre visuel, alors que vue d’Europe, il peut être aussi musical ou corporel.
Faut-il être « malade » pour pratiquer l’art thérapie ?
Si on s’arrête à ses définitions savantes, on peut penser que l’art-thérapie est avant tout un art médical. Mais alors, quand on parle de bibliothérapie, de ce point de vue, la lecture serait aussi un art médical. On voit bien que non. Du moins, pas en tant que tel.
Par suite, si la lecture ou la pratique de toute autre forme d’art a des effets bénéfiques sur la santé, on peut s’adonner à l’une ou l’autre sans avoir aucun objectif thérapeutique précis en tête. Simplement pour le bonheur ou le bien-être que cela procure.
Quels sont les objectifs de l’art-thérapie ?
Et c’est bien ce résultat qui importe avant tout, autrement dit, le ressenti positif lié à toute forme de pratique artistique assidue. Ce ressenti positif c’est celui qu’a essayé de saisir dans ce qu’il peut avoir de plus fugace et de plus infime, un auteur comme Denis Grozdanovitch avec son livre intitulé « La gloire de petites choses« .
Nul besoin pour ça d’être en peine pour y accéder, ni d’avoir une bourse bien garnie. Il suffit, si on peut dire, de faire taire son intellect et de laisser parler son cœur. Ce qui exclut, naturellement, toute idée de performance.
Comment pratiquer l’art thérapie ?
Quelle art-thérapie pratiquer ?
Les différents types d’art-thérapie
La première question à se poser quand on veut pratiquer l’art-thérapie, c’est de savoir laquelle pratiquer. On l’a vu, il y a deux approches possibles : la complète et la spécifique. Pour s’orienter vers l’une ou l’autre, tout dépend, bien sûr, de ses goûts et de sa aptitudes physiques.

Ce n’est ni une question de mode, ni une question de « qu’en-dira-t-on ». On ne va pas aller faire de la danse, si on est perclus de rhumatismes, ni se mettre à vouloir jouer du violon, si on n’entend quasiment plus rien.
De fait, s’entêter dans des envies qui ne sont alors que des lubies peut devenir carrément contre-productif.
Bien s’écouter avant de choisir son art-thérapie
Par conséquent, il en est de l’art-thérapie comme de bien d’autres choses, il faut commencer par s’écouter et ne s’orienter que vers ce qu’on peut pratiquer avec le minimum d’effort. Et ça tombe bien, il y a toujours une discipline artistique faite pour soi.
Bon, si on reste quand même dubitatif, on peut aussi demander conseil. En prenant contact, par exemple, avec des professionnels spécialisés en art-thérapie comme ceux qu’on peut trouver dans l’Association Arc en Ciel en Soit.
Où et comment pratiquer l’art-thérapie ?
Là, les choix possibles peuvent être innombrables. Surtout, si on vit dans un milieu urbain. Mais, même si les possibilités sont moins nombreuses quand on vit à la campagne, elles restent tout de même suffisamment nombreuses pour permettre à chacun de trouver son bonheur, s’il le veut vraiment.
A vrai dire, il n’y a de difficulté que si l’on veut telle pratique, à tel endroit, dans telles conditions, sinon rien. Mais, si on n’ a pas cette limitation, on peut toujours trouver de quoi pratiquer une art-thérapie, seul ou en groupe, proche de chez soi ou, au contraire, éloigné de chez soi, dans un domaine artistique ou un autre.
Et cela d’autant plus facilement qu’on ne se situe pas dans un cadre thérapeutique proprement dit, mais plutôt dans celui des loisirs créatifs.
Qu’est-ce que l’art-thérapie donne concrètement comme résultats ?
L’art-thérapie suscite une meilleure image de soi
Comment ça fonctionne concrètement, difficile à dire, et au fond peu importe. Ce qui compte, finalement, c’est qu’en peignant un tableau, en prenant un cours de danse de salon, en participant à un atelier d’écriture, etc., on se sent renaître.
Le mot utilisé n’est pas vain. En effet, le premier résultat d’une art-thérapie, c’est de ranimer une flamme qui avait tendance à s’éteindre peu à peu alors qu’elle est si vive pendant la période de la jeunesse.
Pourquoi ? Parce qu’une art-thérapie est, par nature, créatrice. Or, toute activité créatrice correspond à une naissance. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle donne un « coup de jeune ».

Et ce faisant, en renforçant le sentiment d’être encore « dans le coup », elle contribue à améliorer l’image qu’on peut avoir de soi, malgré le poids des ans et des infirmités qui l’accompagne.
C’est souvent parce qu’ils se sentent « sans ressort », n’ayant plus goût à rien, que beaucoup de seniors finissent par se laisser envahir par la désespérance et le mépris de soi-même. Ce qui se traduit, entre autres, par un taux de suicide élevé chez les personnes âgées.
C’en est même devenu un véritable fléau. On estime ainsi que:
28 % des suicides concernent des personnes âgées de plus de 65 ans.
Mais, c’est sans doute loin de la réalité, car comme l’indique la Fédération SOS Suicide Phénix France :
La réalité du suicide chez les seniors reste encore un sujet tabou et une question occultée car trop souvent justifiée ou masquée par les maladies notamment invalidantes qui touchent les personnes âgées.
En clair, beaucoup de personnes âgées se laissent mourir en refusant de se soigner, par exemple. Officiellement, elles ne se suicident pas.
L’art-thérapie crée des liens
Cela dit, on peut être déçu par sa production artistique. Le tableau qu’on a fini de peindre n’est peut-être pas à la hauteur de ses espérances. Le poème qu’on pensait génial quand on l’a écrit au milieu de la nuit, saisi par une inspiration subite, se révèle bien piteux au petit matin.
Ce ne sont là que deux petits exemples qui illustrent la difficulté de toute création artistique. Et on comprend qu’elle puisse être finalement décourageante. Auquel cas, loin d’être alors bénéfique, vue sous cet angle, l’art-thérapie peut devenir contre productive.
Or, précisément, cet angle n’est pas et ne peut pas être celui de l’art-thérapie. Celle-ci ne trouve sa légitimité que dans l’expression et pas dans la qualité en tant que telle de cette expression.
Mais surtout, outre le fait de sortir de soi des sentiments depuis longtemps comprimés, ou enfouis, l’art-thérapie « fabrique » du lien à tire-larigot. D’où l’intérêt de la pratiquer dans un atelier où les participants ne sont guère plus doués que soi, tout en partageant les mêmes goûts.
Dernier point à prendre en considération quand on sait que plus de 500 000 seniors sont considérés comme isolés en France, selon une récente étude de la DREES, avec toutes les conséquences, faciles à imaginer, que cela implique.
Est-ce que l’art-thérapie, ça coûte cher ?
Tout dépend de ce qu’on veut faire. En Normandie, on dirait « P’têt ben qu’oui, P’têt ben qu’non ». De fait, on peut commencer, par exemple, par écrire:
- Un journal intime.
- Ses souvenirs.
- Un journal de bord.
Dans ce cas, ça ne coûte que le prix du cahier et du crayon pour écrire dessus. Et si on a déjà un ordi, ça ne coûte même pas ça.
Maintenant, évidemment, on peut pratiquer une art-thérapie beaucoup plus « sophistiquée ». Si on décide de peindre, il faut un peu de matériel. Là, c’est un peu plus cher qu’un carnet et un crayon. Même chose avec les travaux de couture ou de broderie.
Un cran au-dessus tout ça, il y a l’art-thérapie pratiquée, en groupe ou seul, avec un coach. Evidemment, au matériel nécessaire s’ajoute les frais d’inscription à l’atelier appropriée et la rémunération du coach.
Cependant, si le prix d’une pratique fondée sur l’art-thérapie n’est pas à négliger, surtout dans une période où le pouvoir d’achat des seniors a plus que tendance à diminuer, il reste que ses bénéfices en termes de bien-être en surpassent largement son coût quel qu’il soit.
De fait, tout senior aimerait, finalement, s’entendre dire, comme le raconte Daniel Pennac, dans Monsieur Malaussène :
Regarde-toi un peu. Tu n’as pas honte d’être si jeune ? A ton âge !
Pour ça, il n’y a qu’un pas à faire. Et tadam, justement, grâce à l’art-thérapie, c’est facile.