Les animaux de compagnie sont légion en France. Au moins un ménage sur deux a un animal à la maison. Les seniors n’échappent pas à la règle.
Près de 40 % en ont un entre 60 et 69 ans. Avec l’âge, la proportion baisse un peu, mais ils sont encore un tiers à en accueillir un entre 70 et 79 ans, et un autre quart, à plus de 80 ans. Le phénomène est donc loin d’être anecdotique.
Alors qu’est-ce qui fait que les seniors adorent les bêtes, et plus particulièrement, les chats et les chiens ? Quels avantages en retirent-ils ? Au prix de quels inconvénients ?
Aperçu en quelques titres
Quels sont les avantages d’un animal de compagnie pour un senior ?
Les 4 familles d’animaux de compagnie
Avoir un animal de compagnie ne se résume pas à avoir un chien ou un chat, même si l’un et l’autre constituent les gros bataillons des animaux de compagnie. Aux côtés de ces deux grandes catégories il faut, en effet, ajouter celle des petits animaux d’intérieur et celle des animaux de jardin.
La première comprend, entre autres, tous les charmants et amicaux « Bubulle » qui ont fait la gloire de la belle Marlène, l’inénarrable secrétaire du commissaire Laurence, dans la série télévisée vintage des Petits Meurtres d’Agatha Christie. « Bubulle », c’est évidemment l’éminent poisson rouge de Marlène qui trône sereinement sur une étagère de son bureau.
L’autre catégorie, celle des animaux de jardin, rassemble poules, canards, lapins et autres bêtes à plumes et à poils. Preuve, s’il en est besoin, de leur succès, par exemple, les ventes de poulaillers et de clapiers, faciles à monter, ne se sont jamais si bien portées dans les jardineries.
Les 3 bienfaits apportés par les animaux de compagnie
A vrai dire, si les animaux de compagnie remportent un tel succès, c’est qu’ils font du bien au moral, à la tête et au corps.
Moral des seniors
Avoir le moral, c’est important. C’est ce qui permet de ne pas se laisser envahir, par exemple, par la tristesse de voir les années et la jeunesse s’enfuir. Dans un de ses titres, la Compagnie Créole chantait :
A petit feu pour démarrer
Une caresse pour décoller
Si tu veux te réchauffer
Faut savoir bien biguiner
C’est bon pour le moral (refrain)
A défaut de pouvoir chanter et danser, la présence à ses côtés d’un petit animal de compagnie a, en général et de manière constante, le même effet. Qui a vu un chien ou un chat se précipiter à sa rencontre au moment de rentrer chez soi sait de quoi il s’agit. Un vrai bonheur !
Une joie sans détour et un amour inconditionnel, donnés immédiatement ! Ce qui est loin d’être le cas avec la très grande majorité des êtres humains entre eux.
Mental des seniors
Se vider la tête. Avec un animal de compagnie, c’est toujours possible. Même avec un poisson rouge !
Marlène, la secrétaire du commissaire Laurence, en est le parfait exemple. On peut parler à son poisson rouge, à son lapin, à son chat ou à son chien, ils comprennent toujours. Et cette compréhension, naturelle et atavique, ça aide ! Indiscutablement !
Corps des seniors
Entretenir son corps. Evidemment, c’est plus facile avec un chien, voire un chat, qu’avec les autres animaux. C’est ce qui fait, d’ailleurs, leur succès.
En effet, à un moment ou à un autre, le chat, et plus encore le chien, vont se mettre en devoir de pousser leur maître à sortir et à bouger. Quand c’est le moment des jeux et de la sortie du matin, ou du soir, impossible d’y résister. Ne reste plus qu’à laisser en plan ce qu’on est en train de faire et à s’équiper pour faire le tour du quartier.
Ou de la table du salon ! Et ça vaut bien tous les exercices de body attack de n’importe quelle salle de sport.
Et la zoothérapie, qu’est-ce que c’est ?
C’est la science de la proximité avec un animal, ou plus exactement, c’est l’exercice d’une thérapie par la médiation d’un animal. La T.M.A cherche ainsi à aller plus loin que la simple juxtaposition d’un vie animale à côté d’une vie humaine. Elle cherche, en effet, à tirer parti de cette proximité pour faciliter la maîtrise d’une maladie.
La zoothérapie n’a donc pas la prétention de guérir.
Comme le dit très savamment l’Institut Français de Zoothérapie (IFZ) :
La zoothérapie, c’est un soin alternatif non médicamenteux qui se pratique à l’aide d’un animal familier. Consciencieusement sélectionné et éduqué, sous la responsabilité d’un professionnel, appelé « intervenant professionnel en médiation animale ».
Cela, dans l’environnement immédiat de personnes chez qui l’on cherche à éveiller des réactions visant à maintenir ou à améliorer leur potentiel cognitif, physique, psychosocial ou affectif.
Quel animal de compagnie choisir quand on est âgé ?
Animal de compagnie pour la ville ou pour la campagne ?
Ville ou campagne ? C’est le premier critère de choix à prendre en considération quand on veut un animal de compagnie chez soi. Quel que soit son âge.
D’évidence, on peut avoir un poisson rouge n’importe où, mais si on s’est entiché, d’un lévrier afghan, d’un lapin ou d’une poule, c’est une autre histoire. Il est facile de comprendre pourquoi. Les uns ont besoin d’espace et d’air libre, pas l’autre.
Un chat ou un chien ?
Plus délicate est la question du choix entre un chat et un chien. Les statistiques montrent qu’il y a de plus en plus de chats et de moins en moins de chiens. Mais, tout cela est relatif.
Si les chats constituent une population de 14 millions d’individus, les chiens sont encore 8 millions.
A comparer aux poissons rouges, et autres vertébrés aquatiques, qui forment la population d’animaux domestiques la plus nombreuse avec 32 millions d’individus. Ou encore, aux 80 millions d’animaux de compagnie, au total.
Quels sont les inconvénients d’un animal de compagnie pour une personne âgée ?
Les coûts d’entretien d’un animal de compagnie
Evidemment, le coût d’entretien d’un animal de compagnie dépend de sa nature. Un poisson rouge coûte moins cher à entretenir qu’un brave bichon. Néanmoins, quel qu’il soit, un animal de compagnie, ça coûte.
Donc gare aux mauvaises surprises quand on a déjà, sans ça, un budget serré comme, par exemple, le minimum vieillesse.
Mieux vaut donc y réfléchir à deux fois avant de s’engager sur une telle voie. Pour se fixer les idées, on considère, en effet, que les seniors de 60-69 ans dépensent, en moyenne, près de 350 euros par an pour leur animal de compagnie. C’est à la fois, peu et beaucoup.
La dépendance au quotidien
Au-delà du coût proprement dit, un animal de compagnie, ce n’est pas une boîte de petits pois qu’on range sur une étagère et que l’on sort quand on en a besoin. Un animal de compagnie requiert, en effet, des soins réguliers et quotidiens.
Quand il pleut, qu’il fait froid, etc., la sortie quotidienne avec son chien peut, ainsi, vite devenir une corvée. Et, si on ne se sent pas capable de passer outre et d’en faire aussi un plaisir, mieux vaut changer de projet, sans attendre.
Les contraintes difficiles à gérer
Indépendamment de la dépendance au quotidien, il y a aussi les contraintes difficiles à gérer comme, par exemple, une hospitalisation, une maladie, une garde de petits-enfants à assurer chez les enfants, ou encore, l’entrée dans une résidence seniors ou un ephad.
Toutes choses, on ne peut plus banales quand on fait partie des seniors, mais qui peuvent vite apparaître comme insurmontables. Même si des solutions existent pour en réduire le poids, voire les éliminer.
Comment limiter les inconvénients d’un animal de compagnie quand on est retraité ?
Prendre le temps de la réflexion
On l’a dit, prendre un animal de compagnie, ça nécessite de la réflexion. Qu’on soit senior, ou pas. Ce n’est pas quelque chose que l’on fait parce qu’on a eu un coup de coeur dans une jardinerie ou parce qu’un gentil chaton est venu se frotter affectueusement à ses jambes.
Pourquoi ? Parce que tout simplement, prendre un animal de compagnie, surtout quand il s’agit d’un chat ou d’un chien, c’est prendre un engagement à long terme. Mieux on aura muri sa décision, mieux on évitera les déconvenues.
Avoir l’environnement approprié
Il faut, évidemment, penser aussi cet engagement en fonction de l’espace dont on dispose. Chez soi ou dans sa résidence seniors. Dans l’un et l’autre cas, ce peut être un appartement ou un pavillon avec jardin ou jardinet. Moins cet espace est adapté, et plus l’animal de compagnie est source de contraintes.
A noter que contrairement aux idées reçues, le fait d’être dans une résidence seniors n’est pas obligatoirement un obstacle à la présence à ses côtés d’un animal de compagnie. La plupart ont édicté un réglement à cet égard. Le leader du marché, le groupe Domitys, quant à lui, accueille chats et chiens à bras ouverts.
Choisir le bon animal
Suivant le temps qu’on entend consacrer à son animal de compagnie et l’espace dont on dispose, si on s’arrête au choix à faire entre un chat ou un chien, il faut savoir que l’un et l’autre n’ont pas les mêmes exigences.
Un chat vit sa vie en toute autonomie, ne va sur les genoux de son maître que s’il en a décidé ainsi, alors qu’un chien a besoin, constamment, de la présence et de l’attention de celui-ci. Tendance que la race de l’animal exacerbe ou atténue.
A chacun de voir ce qui lui faut. Cela dit, c’est cette différence qui explique la suprématie du chat sur les chiens.
Se faire assister
Ce que l’on sait peu, comme pour les résidences seniors accueillantes pour les animaux de compagnie, c’est que de nombreux services d’assistance peuvent aider les seniors à gérer leur compagnon de tous les jours. Par exemple, citons :
- Les aides à domicile comme les auxiliaires de vie O2 qui peuvent prendre en charge la nourriture de l’animal de compagnie, accompagner au bras lors de la promenade de l’animal, changer sa litière, etc.
- De leur côté, les « véto » se sont adaptés. Une association, l’AVAD, Association des vétérinaires à domicile, recensent tous ceux qui peuvent se déplacer au domicile des seniors pour exercer leur métier. Y compris, pour y pratiquer une intervention chirurgicale !
- Enfin, si on ne peut emmener en voyage son petit compagnon, des services, comme ceux proposés par Homesitting, permettent d’assurer le bien-être de celui-ci tout en restant à la maison.
L’animal de compagnie : une relation enrichissante, mais complexe
On peut certes analyser, comme le font certains sociologues, la possession d’un animal de compagnie de la même façon que celle de n’importe quel objet de consommation. L’animal de compagnie devient ainsi vecteur de différents types de satisfaction, « lubie », « amusement », « santé », comme peuvent l’être d’autres choses.
Or, précisément, l’animal de compagnie n’est pas une chose et la relation qui s’instaure entre lui et son maître est du même ordre que celle qui peut s’instaurer entre deux êtres humains. Et on comprend, sans peine, que cette relation ne peut rendre le meilleur d’elle-même que si elle échappe à toute forme de « chosification ».
En tout cas, pour Victor Hugo, la question ne se pose même pas :
Regarde ton chien dans les yeux et tu ne pourras pas affirmer qu’il n’a pas d’âme.
Disait-il, faisant référence à Descartes et à sa thèse de l’animal-machine.