C’est quoi une maison partagée pour seniors ?

C'est quoi une maison partagée pour seniors ?

Une maison partagée pour seniors, tout le monde ne sait pas encore ce que c’est. Mais, les seniors apprennent à la connaître. De plus en plus.

Car, le concept a de quoi séduire. Il se situe juste entre l’Ephad et la résidence seniors. Certes, mais encore ?

Il répond précisément au besoin des seniors en perte d’autonomie, pour lesquels la vie à domicile devient difficile et que la perspective d’aller dans un Ephad ou une résidence « seniors » effraie.

 

Aperçu en quelques titres

A partir de quel moment la question d’avoir à quitter son domicile se pose-t-elle ?

Pas facile de devoir penser à quitter le domicile où on a vécu tant d’années et l’environnement, quartier, village, où on a ses habitudes. Et pourtant, arrive le moment où il le faut bien. Alors quand est-il exactement ?

Précisons, tout d’abord, que ce moment peut être reculé à l’infini, tant qu’on jouit encore d’une certaine mobilité et qu’on peut s’organiser de telle sorte qu’on puisse bénéficier de toutes les aides à domicile nécessaires. Et elles sont nombreuses !

On connait ainsi des personnes ayant largement dépassé leur 90 ème anniversaire, mais menant toujours une vie active à partir du domicile qu’elles habitent depuis des décennies. Question de tempérament, bien sûr, mais aussi de santé.

A partir de quel moment la question d'avoir à quitter son domicile se pose-t-elle ?
A partir de quel moment la question d’avoir à quitter son domicile se pose-t-elle ?

Cependant, disons-le, ce cas de figure est plutôt rare. Mais, quand on est seul, quand il devient difficile de monter des escaliers, de faire sa toilette, de se préparer un repas, ou tout autre geste banal de la vie quotidienne, le moment est arrivé d’aller dans une « maison de retraite« .

Les proches jouent, bien sûr, un rôle important dans le choix du moment pour en parler et celui de l’établissement le plus approprié. Et, au final,  pourquoi choisir une maison partagée, plutôt qu’un autre établissement ?

 

Définition de la maison partagée pour seniors

La maison partagée est une maison louée par plusieurs co-locataires « senior « . En général, au nombre de 8 à 10, ils y disposent d’une chambre individuelle, avec sanitaire indépendant et d’un espace commun, équipé pour les repas et les animations. Le tout est encadré par un service de gestion et d’aide à domicile.

La maison partagée est une maison louée par plusieurs co-locataires "senior "
La maison partagée est une maison louée par plusieurs co-locataires « senior « 

Le principe est le même, toutes choses égales par ailleurs, que les nombreuses formules de co-location auxquelles ont recours les étudiants. Ou encore, les jeunes professionnels pratiquant le « co-living ». Formule directement importée des Etats-Unis, le co-living est un concept mixte à base de co-working et de co-location.

 

Contenu du bail de co-location d’une maison partagée

Le fondement juridique d’une maison partagée est donc le contrat de co-location. Ce dernier peut prendre plusieurs formes suivant la nature de la maison partagée. Le contrat peut, ainsi, être unique ou propre à chaque co-locataire. Il peut aussi correspondre à des locaux meublés ou non meublés.

A noter que dans le cas de locaux vides, le contrat de co-location doit être un contrat unique et respecter, en particulier, le titre 1er de la loi du 6 juillet 1989.

Contenu du bail de co-location d'une maison partagée
Contenu du bail de co-location d’une maison partagée

 

Quoiqu’il en soit, il doit comporter des clauses précisant, entre autres, les modalités de répartition des charges, de la taxe d’habitation, ou encore, les conditions de départ d’un colocataire ou de congé donné par le bailleur.

Pour en savoir plus, on peut regarder un des modèles proposés par de nombreux sites spécialisés dans ce domaine comme, par exemple, ceux de bailfacile.

 

Comment fonctionne une maison partagée ?

Le fonctionnement d’une maison partagée est simple. Chaque co-locataire a son espace privatif : sa chambre. Celle-ci est plus ou moins bien équipée. Elle est soit meublée d’avance, soit meublée avec le mobilier amené par l’occupant.

Par ailleurs, toutes les chambres ont leur équipement sanitaire propre. Enfin, certaines peuvent disposer d’une kitchenette. Dans ce cas, il ne s’agit plus vraiment de chambre, mais de studio. A noter que dans ce dernier cas, on s’éloigne, un peu, de « l’esprit » d’une maison partagée.

En effet, les résidents d’une maison partagée ont un esprit « communautaire » assez marqué. De sorte que les repas sont souvent préparés en commun et naturellement partagés aussi en commun. De même que les animations.

les repas sont souvent préparés en commun et naturellement partagés aussi en commun
les repas sont souvent préparés en commun et naturellement partagés aussi en commun

Raison pour laquelle le concept de maison partagée est bien en phase avec la génération « boomer ». On comprend dès lors que l’entrée y soit rarement automatique.

Le recrutement des co-locataires y est donc particulièrement soigné et l’on veille, en particulier, à ce que leur état d’esprit et leur niveau de besoins soit bien en phase avec cet esprit communautaire. Cependant, rien n’y est véritablement imposé et chacun vit à son rythme.

Autrement dit, si on préfère la solitude à la vie en collectivité, mieux vaut choisir un autre mode d’hébergement.

 

Différences entre Maison partagée, Ephad et Résidence seniors

Les trois types de structure offrent, à des degrés divers, bien sûr, une assistance et un suivi à leurs résidents. Ainsi, en général, une maison partagée, qui réunit entre 8 à 10 co-locataires, est gérée par un responsable de maison avec une à deux autres personnes à temps plein. Auxquelles s’ajoutent, autant que de besoin, des auxiliaires de vie à temps partiel.

Différences entre Maison partagée, Ephad et Résidence seniors
Différences entre Maison partagée, Ephad et Résidence seniors

Evidemment, la vie dans un Epahd ou dans une Résidence seniors est très différente en raison même de la taille de l’un et de l’autre. Même si on peut y trouver des ratios comparables en matière d’assistance et de suivi. Du moins en principe, car de récentes affaires, dénoncées entre autres par Victor Castanet, ont montré que ce n’était pas le cas.

Par suite, les qualités propres à chacun de ces types d’hébergement pour seniors diffèrent. Pour une raison toute simple. Dans une maison partagée, entre autres, les relations entre résidents et gestionnaires sont beaucoup plus stables et personnalisées que dans des établissements accueillants plusieurs dizaines de résidents et soumis à des critères de gestion parfois exagérément financiers.

Cela dit, il est très difficile d’envisager une fin de vie dans une maison partagée.

Combien coûte une colocation dans une maison partagée ?

D’une manière générale, une co-location dans une maison partagée coûte moins de 2000 euros par mois. Mais, attention, il s’agit d’un reste à charge !

En effet, comme on l’a vu, le résident d’une maison partagée signe un bail de co-location et à ce titre, outre la mise à disposition de son logement, il contribue à toutes les charges afférentes à sa co-location et rémunère, à due proportion, les services dont il peut bénéficier.

Combien coûte une colocation dans une maison partagée ?
Combien coûte une colocation dans une maison partagée ?

Par conséquent, ce qu’il paie à la fin de chaque mois est plutôt de l’ordre de 2500 euros. Mais, compte tenu des différentes aides auxquelles il peut avoir droit, telles que APA ou Crédit d’Impôt, le coût « in fine » de sa co-location peut être ramené à des niveaux de l’ordre de 1600 à 1800 euros par mois.

Autrement dit, comme, d’ailleurs, pour tous les établissements de retraite, le coût réel ne dispense pas de pouvoir disposer d’une trésorerie qui lui soit sensiblement supérieure.

 

Où trouver une maison partagée pour seniors ?

Les maisons partagées ont beau se développer à vitesse grand V, on en trouve pas encore partout. Un collectif d’entrepreneurs auto baptisé « 150 000 en 2030 » s’est crée en avril 2022 pour accélérer, encore plus, ce développement.

Il a commencé par dresser la carte de la localisation des maisons partagées existantes et en projet. Quoi qu’il en soit, on trouve deux types de maisons partagées ; la maison partagée appartenant à un réseau dédié et la maison partagée issue d’une initiative privée locale.

 

Quels sont les principales marques de maisons partagées ?

A la première catégorie, appartiennent les maisons partagées  mises en service, par exemple, par l’association CetteFamille ou l’association Âges sans frontières. Ou encore, par des réseaux tels que Les Pénates, Âge et vie ou encore Watt’Home.

Watt’Home a été fondée par Vincent Delauney, un professionnel de l’hébergement « seniors ».  A ce jour, deux maisons partagées ont été ouvertes par cette structure :

  • La maison Mochez, à Onnaing.

 

  • Et la maison Delame, à Valenciennes.

 

De son côté, créée en 2008, Âge et vie offre, à cette date, 170 colocations partout en France. Ce réseau a la particularité de pouvoir accueillir des couples, des animaux de compagnie, les meubles appartenant aux résidents et de pouvoir installer, le cas échéant, un lit médicalisé.

Autre réseau, celui des « Pénates« . Il a été fondé par un jeune professionnel de l’immobilier. Il propose actuellement trois maisons et est ouvert à des co-investisseurs.

CetteFamille est une entreprise sociale et solidaire (ESS), fondée en 2016 par Paul-Alexis Racine-Jourdren. Elle est également soucieuse de mettre en pratique les principes de la RSE. Elle gère, aujourd’hui, pas loin d’une vingtaine de maisons et prévoit d’en ouvrir presqu’une dizaine dans les prochains mois.

Proche de CetteFamille par sa vocation sociale et sa structure associative, l’association Âges sans frontières a la particularité d’intégrer dans un même  ensemble maisons partagées, au nombre de quatre, et Ephad.

 

Et pourquoi ne pas investir soi-même dans une maison partagée ?

C’est ce qu’ont fait les propriétaires de la Maison Bleue, à La Mure. Ou encore, la famille Peulemeule, avec l’aménagement d’une fermette, baptisée le clos Saint-Etton, à Bienvillers-au-Bois.

Il faut dire que ces investissements sont bien vus par les pouvoirs publics. Ils bénéficient des aides au titre de l’habitat inclusif et du soutien des municipalités rurales qui y voient, à juste titre, un facteur de dynamisation du tissu économique local.

 

La maison partagée pour seniors, en bref

La maison partagée est un nouveau concept d’hébergement pour seniors. Il se traduit par une offre en plein essor qui se situe entre le domicile familial et l’entrée dans un Ephad ou une résidence seniors.

Il bénéficie d’un large soutien des pouvoirs publics qui y voit une façon, moins coûteuse que les grands établissements, de répondre à la forte pression résultant du vieillissement accéléré de la population.

En outre, compte tenu de ses caractéristiques très humaines et de ses dimensions très réduites, l’hébergement en maison partagée contribue à la redynamisation du tissu économique en milieu rural. Par ailleurs, il est un facteur de promotion de l’habitat inclusif.

Cela dit, il s’adresse, de préférence, à des résidents plutôt adaptés à la vie en collectivité et certes, moins mobiles, mais toujours autonomes. Enfin, l’offre de maisons partagées pour seniors est principalement assurée par différents réseaux. Leurs caractéristiques, si elles sont comparables, ne sont pas, néanmoins, identiques.