Combien sont-ils les artistes-peintres amateurs ? On ne sait pas trop. Mais, une chose est sûre, ils sont nombreux. Il suffit de voir le nombre de cours, d’ateliers, d’expos dans les salles des fêtes, etc., pour s’en rendre compte.
Et quand on a ça « dans le sang », plus on a de temps et plus on produit. Alors, quand on est retraité et qu’on trouve que ses pensions sont trop maigres, pourquoi ne pas chercher à vendre et à tirer profit de ce que l’on peint ? Et de ce fait, à améliorer sa retraite ?
D’autant que tout le monde autour de soi s’accorde pour dire que c’est génial ce qu’on peint. Mais bon, comment faire ?
C’est quoi, par exemple, la différence entre peintre professionnel et peintre amateur ? Où faut-il se déclarer, puisqu’on vit dans un pays où tout se déclare ?
Que faire pour améliorer ses ventes ? Et à quel prix le faire ?
Autant de questions pour lesquelles il vaut mieux avoir un minimum de réponses avant de se lancer dans une activité dont le but est d’améliorer sa retraite. Pas de la diminuer ou de la contrarier par la multiplication d’actes administratifs.
Aperçu en quelques titres
Différence entre peintre amateur et peintre professionnel
Aux yeux de l’administration, un peintre professionnel, c’est un peintre déclaré. Administrativement parlant, s’entend. Pour les habitués du secteur, c’est un peu plus compliqué. Il y a des peintres « professionnels » qui agissent comme de vrais amateurs. Et il y a des peintres « amateurs » qui agissent comme de vrais peintres professionnels.

Autrement dit, peintre professionnel ou peintre amateur, c’est d’abord une question d’attitudes. Et de ce point de vue, un retraité qui peint et veut vendre ses toiles pour améliorer sa retraite, se doit d’adopter un minimum d’attitudes professionnelles. Comme, par exemple :
- Avoir le souci d’adapter sa production à la demande.
- Avoir la volonté de l’améliorer sans cesse.
- Etre décidé à gagner de l’argent avec ses toiles.
- Etre capable de renouveler constamment son inspiration.
- Disposer de bons outils.
- Organiser son mode de vie en fonction de ses objectifs.
- Etc.
Bref, un retraité qui veut réellement améliorer sa retraite en vendant ses toiles doit absolument professionnaliser sa démarche. Sinon, il y a fort à parier que ses « ventes » ne dépasseront pas les limites du cercle de ses proches. Ce qui, à coup sûr, ne permet pas de vivre mieux. Si ce n’est moralement, du moins en principe. Car personne n’aime rater ses objectifs.
Démarches administratives de l’artiste-peintre
Evidemment, peindre pour gagner de l’argent, cela implique de déclarer son activité et ses résultats à l’administration. Cela pour s’acquitter de ses cotisations sociales, bénéficier d’une éventuelle protection sociale et payer son impôt sur les revenus.
Elles sont à payer à la Maison des artistes. C’est, en effet, cette structure qui administre la sécurité sociale des artistes spécialisés en arts graphiques et plastiques.
L’autre structure qui gère les obligations sociales des artistes-auteurs est l’Agessa. Elle concerne tous les artistes-auteurs autres que les artistes-peintres.

L’inscription à l’une ou l’autre se fait automatiquement en déclarant son activité à l’Urssaf. On peut le faire aussi via un CFE. Ce faisant on obtient un numéro Siret indispensable pour émettre des factures. En tant, notamment, que micro-entrepreneur.
A noter, qu’il convient, par ailleurs, de vérifier la compatibilité de sa nouvelle source de revenu avec les règles du cumul emploi-retraite. Ce qui, en général, ne pose pas de problème.
A noter également que les cotisations vieillesse ne donnent droit à aucun droits à la retraite supplémentaire. Elles ne sont là que par solidarité avec les autres retraités.
Impôts directs du retraité artiste-peintre
Là, les choses sont relativement simples. Le produit des ventes est soit considéré comme un « traitement et salaire », soit comme un bénéfice non commercial (BNC).
Dans le premier cas, on ajoute le montant brut de ce produit, comme droits d’auteur, aux autres traitements et salaires. Et, on en soustrait après coup les frais réels de l’activité : frais de déplacement, achat de matériel, etc.
Dans le second cas, tant que le produit des ventes est inférieur à 72 600 euros, c’est un revenu brut qui peut être assujetti au régime micro-BNC. Ce régime permet alors de bénéficier d’un abattement forfaitaire de 34 %.
Quel genre de peinture choisir pour améliorer sa retraite ?
Art abstrait ? Art figuratif ? Style impressionniste ? Cubiste ? Expressionniste ? Ou encore, style surréaliste ? Telles sont les premières questions à se poser sur le type de création picturale dans lequel on veut s’inscrire. Et il ne s’agit ici que de tendances propres à l’art moderne.
Evidemment, le retraité qui s’adonne à la peinture le fait la plupart du temps sans se poser aucune de ces questions. Il aime peindre. Un point, c’est tout. Et il le fait quasiment d’instinct. C’est tout juste s’il accepte de prendre des cours. Et quand il le fait, c’est souvent plus pour la convivialité qui y règne que pour ce qu’il y apprend réellement.
Penser aux attentes du public
Oui, mais voilà. L’objectif est maintenant de gagner un peu d’argent avec ses tableaux. Il faut donc se professionnaliser et faire, comme on l’a dit plus haut, un peu de marketing. Ce qui revient à dire qu’il faut ajuster son offre à la demande.

Autrement dit, savoir si on veut fabriquer un modèle « tout terrain » ou un modèle de luxe. En peu de mots, il faut savoir à quel marché on s’adresse et ce qu’on peut lui proposer.
S’inspirer des peintres de l’Ecole de Paris
Une bonne façon de s’y retrouver, c’est, notamment, de prendre le temps de feuilleter des ouvrages comme celui qu’a écrit Lydia Harambourg, intitulé « L’école de Paris 1945 -1965 – Dictionnaire des peintres« . On y trouve tous les styles de peinture illustrés par les dizaines de milliers de peintres qui ont vécu à Paris, c’est leur dénominateur commun, après la seconde guerre mondiale.
Et encore l’auteur a-t-elle circonscrite sa compilation à cet après-guerre, car la notion d’école de Paris est plus ancienne et date de 1925, sous la plume du grand critique d’art André Warnod.
Rester cohérent
Me plus difficile pour un peintre qui veut se faire coter, c’est de garder une ligne et de rester cohérent. Combien de peintres se perdent et perdent leurs acheteurs en s’essayant à une manière, puis à une autre, avant de s’égarer dans un style qui n’est pas fait pour eux. A cela on objecte qu’il faut bien faire des expériences et qu’à la longue, sans ça, on finit par se répéter.
Certes, mais on peut éviter et l’écueil de l’incohérence et l’écueil de la répétition en variant les sujets et les formats. Henry d’Anty (1910 – 1998), peintre de l’école de Paris, un peu oublié aujourd’hui, à tort, comme du reste l’école de Paris dans son ensemble, bien qu’il ait succédé à Picasso, en reprenant l’atelier parisien de dernier, en fournit une belle illustration.

Une fois bien définis, son style et sa palette de couleurs, il construira son œuvre en abordant des thèmes très divers, festifs, religieux, littéraires, campagnards, tout en restant pleinement cohérent. C’est ce qui fait qu’un d’Anty se reconnait toujours quels que soient son thème et la date à laquelle le tableau a été fait. En effet, comme l’a écrit René Rosa dans son livre sur Henry d’Anty :
D’Anty et Gen-Paul, les deux grands peintres expressionnistes de Montmartre, ont compris et assimilé ce message dans l’œuvre de Toulouse-Lautrec. On retrouve ces valeurs de l’art moderne liées à un intérêt populiste dans leurs gouaches et dessins.
Déterminer le prix de vente de ses tableaux
Autre élément d’importance pour améliorer sa retraite en vendant ses tableaux : le prix auquel on les vend. Pas si simple, en vérité.
Le retraité artiste-peintre, un peu intimidé, a tendance à brader son travail. D’autant que ses premiers clients font souvent partie de ses proches. Lesquels veulent, aussi, pas tous, heureusement, profiter de cette proximité pour bénéficier d’un « prix ».
A l’inverse, le retraité artiste-peintre, un peu imbu de lui-même, prenant facilement pour argent comptant tous les compliments qu’on lui prodigue aimablement, affiche des prix qui peuvent être très dissuasifs. Surtout, quand on prend la peine de suivre les enchères d’œuvres comparables d’artistes-peintres cotés.

Pour sortir de ce dilemme, ni trop, ni pas assez, le retraité artiste-peintre doit prendre en considération les quelques points suivants qui l’aideront à y voir plus clair et à s’approcher du juste prix pour chacune de ses œuvres. En effet, le prix d’un tableau dépend, principalement :
- De la notoriété de l’artiste-peintre. Laquelle est, en quelque sorte, indexée sur le nombre, l’importance de ses expositions et les récompenses qu’il a pu y obtenir.
- Du travail que lui a demandé la réalisation du tableau qu’il met en vente. Un petit tableau vaut moins qu’un grand, et une aquarelle moins qu’une huile sur toile, etc.
Des matériaux qu’il a employé. Une huile sur toile vaut plus qu’une huile sur carton ou sur isorel. Et la qualité des couleurs utilisées joue également dans la valorisation d’une toile. C’est, notamment, cette qualité qui fait un des attraits des tableaux de Henry d’Anty.
Promouvoir ses tableaux pour améliorer sa retraite
Cercle familial et amical
Le cercle familial et amical est le premier cercle auquel s’adresse le retraité artiste peintre qui veut améliorer sa retraite en vendant ses tableaux. C’est, effectivement, le plus facile d’accès. En général, il connait son atelier, pour y être venu plusieurs fois.

Individuellement, ou collectivement, pour participer, entre autres, à un vernissage. Mais, ce n’est pas le plus facile à gérer. Et, par suite, pas le plus profitable.
Salons de peinture et artistiques locaux
D’où la nécessité de sortir de son « cercle de confort » et de s’exposer aux vents portés par un public pas forcément acquis d’avance. Et pour ça, rien ne vaut la participation à ces nombreux salons locaux organisés dans les mairies, les salles de fêtes, et autres lieux associatifs, voire commerciaux. Sans oublier, bien sûr, d’éventuelles galeries d’art.

On en parle toujours dans la presse locale et, ce qui est intéressant, toujours de manière élogieuse. Manière de remercier des artistes qui ont pris la peine d’organiser l’accrochage de leurs œuvres et d’assurer un minimum de permanence sur place. Mais, aussi de signaler des artistes qui n’exposent là que parce qu’ils font preuve d’une réelle maîtrise picturale et d’un style qui leur est propre. Les débutants n’y ont, en effet, guère leur place.
Vendre ses tableaux sur le web pour améliorer sa retraite
Reste une troisième approche pour vendre ses tableaux : internet. Et cette approche est plus facile qu’on ne pense à mettre en œuvre. Tant mieux car le marché de l’art en ligne augmente de près de 10 % par an. Il y a, de fait, deux façons de le faire.
Site web perso
La première est de créer un site web perso. C’est-à-dire, une boutique en ligne. On peut le faire aujourd’hui au moindre coût. Comme peut le proposer, par exemple, un site comme Shopify.

Cependant, comme pour toute boutique, il faut attirer les visiteurs. Si on ne fait rien, rien ne se passe et la boutique ne sert pas à grand ‘chose. Il faut donc y associer de la pub et donc prévoir le budget qui va avec. Plus un blog ! A condition d’être en mesure de l’alimenter sur un rythme élevé.
Plateformes spécialisés dans la vente de tableaux
On comprend, dès lors, qu’on puisse préférer s’en remettre à des sites spécialisés existants. Ce qui n’est d’ailleurs pas antinomique. En effet, quand on s’inscrit sur l’un de ces sites, il est toujours utile d’associer à son compte utilisateur, un site web perso.
Cela dit, il y a deux types de sites web spécialisés : les sites généralistes très ouverts et les sites sélectifs pour « happy few ». Le choix entre les deux dépend de la qualité plus ou moins reconnue des œuvres mises en vente et du budget promotionnel dont dispose le retraité artiste-peintre.
Citons, entre autres, pour les premiers des sites bien connus, ou moins connus, comme :
- Catawiki.
- Etsy.
- Le Bon Coin, rubrique décoration.
- Ou encore Expositionpeinture.com.
Quant aux seconds, ils sont un peu plus difficiles d’accès. Pour y être référencé, il faut, en général, montrer patte blanche devant un comité de sélection. C’est en quelque sorte l’équivalent des comités de lecture dans l’édition. On peut citer, notamment, :
- Carrédartistes.com.
- Artsper.com.
- Artmajeur.
- Amazon Art.
- Ou encore, Art Pal.
Ajoutons pour finir que certaines de ces plateformes offrent en plus la possibilité de tirer des reproductions à partir des œuvres référencées dans leur catalogue. Ce qui peut être une source de revenu supplémentaire pour le retraité artiste-peintre.
Ce qu’il faut retenir pour améliorer sa retraite en tant que retraité artiste-peintre
Si on ne bénéficie ni de pension de réversion, ni d’un PER ou d’une tontine, ni d’une retraite capable de compenser la baisse tendancielle du pouvoir d’achat des pensions, il convient, si on le peut, de mettre eu œuvre des stratégies adéquates pour améliorer ses revenus.
L’une de ces stratégies consiste à capitaliser sur ses savoir-faire et à chercher à les commercialiser. On peut, entre autres, écrire, faire de petits travaux artisanaux, etc., on peut aussi peindre des tableaux.
Mais, quelle que soit l’activité retenue, améliorer sa retraite, ça ne marche que si c’est fait de manière professionnelle. L’envie et la passion ne suffisent pas. Il faut, comme dans toute entreprise, un minimum d’organisation et de rigueur.