« Travailler plus pour gagner plus » n’est plus un mantra réservé aux seuls salariés. Il est de plus en plus partagé par les seniors partis en retraite.
Et ils sont de plus en plus nombreux à penser au cumul emploi retraite. C’est que depuis de années, le niveau des pensions de retraite est déconnecté de celui de l’inflation du moment.
Ce qui n’est pas grave en soi tant que l’inflation reste modérée, voire très faible. Mais, qui le devient, quand les années à revalorisation modeste s’accumulent et que l’inflation bondit tout d’un coup.
C’est le cas, aujourd’hui. La situation était déjà devenue sensible, d’où, sans doute, l’augmentation régulière du taux d’emploi des seniors.
Mais, désormais, compte tenu d’un nouveau contexte, quand on ne dispose, principalement, que de ces pensions comme revenus, et que celles-ci sont modestes, pouvoir les cumuler avec ceux d’une activité devient malheureusement vital. Alors, comment faire ?
Aperçu en quelques titres
Pourquoi chercher à cumuler les revenus d’une activité avec ses pensions de retraite ?
Augmentation régulière du taux d’emploi des seniors
Quand on observe le taux d’emploi des seniors, on s’aperçoit que, d’année en année, il ne cesse d’augmenter. Et cela concerne aussi bien les seniors de 55 à 59 ans que ceux de 60 à 64 ans.
73 % des premiers avaient un emploi en 2020 contre 55 % en 2003. Et c’étaient le cas pour 33% des seconds en 2020 contre 13 % en 2003.
Tendance lourde pour ces derniers, bien que, comme le signalent les analystes, c’est toujours moins bien que dans le reste de l’Union Européenne.

Ce qui ne contredit en rien le fait que le taux de chômage des seniors de 55 à 64 ans soit passé de 2003 à 2020 de 4,2 % à 5,9 %. Soit une augmentation de 40 % !
Et encore ne s’agit-il que d’une moyenne ! Car si on prend en considération le taux de chômage d’une catégorie particulière, comme celle, par exemple, des femmes seniors, ce taux est encore plus élevé.
Ce que ça dit, en première analyse :
- Il y a de plus en plus de seniors qui continuent à travailler et qui cherchent à travailler le plus longtemps possible. Ce qui est conforme aux politiques gouvernementales successives.
- Un senior qui perd son emploi a de moins en moins de chances d’en retrouver un. Malgré toutes les incitations pour qu’il n’en soit pas ainsi.
On imagine, sans peine, l’impact que ça peut avoir sur le niveau des retraites et sur les conditions de vie des seniors.
Nouveau contexte pesant sur le pouvoir d’achat des retraites
Or, en plus, le contexte général pesant sur l’emploi et l’activité des seniors est en train de s’alourdir. En raison, notamment, de la reprise de l’inflation.
Ce qui a un double effet. Le premier sur la base de calcul des retraites.
Le second sur le pouvoir d’achat des pensions de retraite. L’un et l’autre rendent, de ce fait, nécessaire pour beaucoup de retraités la recherche d’une activité rémunérée complémentaire.

Grâce à la mondialisation et à ses délocalisations induites, l’accroissement du niveau moyen des prix, autrement dit, l’inflation, est resté stable pendant très longtemps. De l’ordre de 1,5 % par an au cours des 20 dernières années.
Pour 2022, les prévisions vont de 3,7 % à 4,4 %. Feu de paille du au conflit ukrainien ou nouvelle tendance ?
Pour beaucoup d’experts, il semble que le conflit ukrainien ait servi de détonateur à une situation où la mondialisation ne parvenait déjà plus à maitriser les conséquences des pénuries de plus en plus criantes de beaucoup de matières premières.
Toujours est-il que pour ne prendre qu’un seul exemple, on peut craindre que le prix du baril de pétrole de l’ordre de 65 $ en 2019, actuellement autour de 100 $, ne finisse l’année 2022 entre 200 et 250 $, suivant les estimations.
Principalement, et ce n’est qu’un exemple, il y en a d’autres, à cause des mesures de soutien au régime ukrainien et des perturbations, pour ne pas dire plus, qu’elles génèrent dans le fonctionnement du commerce mondial.
Indexation des retraites sur l’inflation
Qu’est-ce que cela signifie pour les retraités dépendant principalement de leurs pensions de retraite ?
L’inflation risque de se poursuivre. Mais, les pensions de retraite s’y adaptent avec retard. L’augmentation de 1,1 %, de janvier 2022, est bien loin de pouvoir compenser ce qui est en train d’arriver. Le chèque inflation de 100 euros, soit 8,33 euro par mois, donné en février aux retraités ayant une retraite inférieure à 2000 euros nets par mois, n’y changera pas grand ‘chose.
Rappelons que cette augmentation des retraites de 1,1 %, faisant suite à une augmentation de 0,4 % en 2021, a été calculée en faisant le rapport entre l’évolution de l’indice de novembre 2019 à octobre 2020 et celle de l’indice entre novembre 2020 et octobre 2021. Effet amortisseur et retard garanti.

Pour toutes ces raisons, la recherche d’une activité complémentaire rémunérée pour beaucoup de retraités n’est plus une question de savoir comment occuper son temps libre, mais bien de savoir comment faire face à ses charges quotidiennes. D’autant que bien peu de programmes électoraux, élaborés à l’occasion de l’élection présidentielle, n’ont pris ce problème « à bras le corps ».
Il revient donc à chaque senior, retraité ou pas, compte tenu de sa situation, de chercher à se prémunir contre une dégradation prévisible de sa situation financière et à éviter de se retrouver dans la même situation que celle de ces retraités américains, de plus en plus nombreux, obligés de travailler, même après 80 ans.
Le cumul emploi retraites bien compris fait partie des solutions. Quitte à s’occuper, autant le faire en étant rémunéré. Car, désormais, on ne sait jamais.
A quelles conditions peut-on cumuler sa retraite avec les revenus d’une activité complémentaire ?
Le principe général du cumul emploi retraite
Le principe est clair, on peut cumuler sa retraite avec les revenus d’une activité, mais ça ne permet en aucun cas d’acquérir de nouveaux droits. Et c’est ouvert à tout retraité qui a fait le nécessaire pour liquider sa retraite et qui a donc, officiellement, cessé toute activité.
Sauf, si l’activité complémentaire est de faible importance selon la définition qu’en donnent les pouvoirs publics.
Il en va, bien sûr, autrement, si cette activité assure des revenus complémentaires significatifs. Dans ce cas, le cumul peut être intégral ou partiel. Pour qu’il soit intégral, il faut être en mesure de pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein.

A défaut, ce cumul est partiel avec l’obligation d’observer un délai de carence de 6 mois avant d’exercer la nouvelle activité. Sauf si celle-ci est totalement différente de celle qu’on exerçait avant d’être retraité.
En outre, le cumul entre les revenus des pensions de retraite et ceux de l’activité complémentaire ne doit pas dépasser un certain plafond, dont le niveau et le calcul dépend de règles particulières.
Les règles particulières propres au mode de calcul du plafond du cumul emploi retraite partiel
Plafond cumul emploi retraite partiel pour les retraités du régime de base et de l’Agirc-Arrco.
Les retraités de ces régimes ne pouvant bénéficier que d’un cumul partiel ne peuvent pas dépasser, en cumulant leur retraite et leur revenu complémentaire, plus de 160 % du plafond de la sécurité sociale, soit 2564,99 euros brut mensuels en 2022. Ou, au choix, la moyenne mensuelle de leurs trois derniers salaires. Cela pour le régime de base.
Pour ce qui est du régime complémentaire, le plafond à ne pas dépasser doit être, au choix, inférieur au smic, au dernier salaire ou à la moyenne des salaires pendant les 10 dernières années.
Si les revenus cumulés dépassent le plafond, la différence est déduite de la pension de retraite. Il appartient aux retraités d’informer leurs différentes caisses de retraite de leur situation.
Plafond cumul emploi retraite partiel pour les indépendants et les professions libérales
Pour les indépendants et auto-entrepreneurs exerçant une profession non réglementée, le cumul partiel est plafonné à 50 % du plafond de la sécurité sociale (PASS) annuel. Ce qui correspond à 20 568 euros en 2022. Mais, si cette nouvelle activité a lieu en ZRR ou zone prioritaire, ce plafond est doublé de plein droit. Attention, si ce plafond n’est pas respecté, le versement de la pension de retraite est suspendu.
Pour les professions libérales, le plafond est d’emblée fixé à 100 % du plafond de la sécurité sociale (PASS), soit 41 136 euros en 2022. En cas de dépassement, le versement de la retraite est simplement écrêté à due concurrence.
A noter donc que ce régime est plus favorable que celui des indépendants. Par ailleurs, les règles varient en fonction de la caisse complémentaire d’affiliation.
Plafond cumul emploi retraite partiel pour les fonctionnaires
Pour les fonctionnaires, le principe est simple. Les revenus complémentaires ne doivent pas dépasser le tiers de la retraite annuelle, majoré d’un montant forfaitaire de 7201,93 euros en 2022. L’excédent est déduit de la pension.
Comment augmenter sa retraite avec une activité complémentaire ?
Les activités spécifiques pour seniors recherchant un cumul emploi retraite
Arriver à la retraite, c’est l’occasion pour beaucoup de seniors d’avoir une activité telle qu’ils auraient toujours aimé avoir. Ou d’affirmer leur engagement citoyen. En général, ils l’exercent comme un loisir et rarement en étant rémunérés.

Mais, comme il a été dit, le contexte économique et social est en train de changer. Et ce qui, au départ, n’était vu que comme une occupation peut devenir rapidement une activité indispensable pour améliorer sa vie au quotidien, voire même, finir ses fins de mois plus facilement.
Ainsi, par exemple, d’activités indépendantes comme le conseil aux entreprises, la vente de tableaux, le gardiennage de villas inoccupées par leurs propriétaires, le bricolage chez des particuliers. Avant même d’autres activités, cette fois, en tant que salariés, dans des entreprises ayant une juste appréciation de ce que peut leur apporter le « capital expérience » de salariés seniors.
Mettre toutes les chances de son côté
D’évidence, quand on se décide à franchir le cap et à faire, de ce qui n’était qu’un loisir, une activité rémunérée. Ou à rechercher un emploi, en tant que senior. Il faut s’organiser. Autrement dit, agir comme si on était à la tête d’une entreprise. C’est-à-dire, se considérer soi-même, avec ce que l’on est, comme une entreprise.
Partant de là, il convient de commencer par définir le produit ou le service qui peut être susceptible de rapporter des revenus complémentaires. Et quand on commence à réfléchir de cette façon, on est en train, tout bonnement, de mettre au point, ce que dans les entreprises, on appelle précisément le marketing mix. Lequel peut être résumé par l’acronyme dit des 4 P. Ce qui permet de rester réaliste et de bien orienter ses démarches.
Ce qui revient à dire qu’outre le Produit, premier P du marketing mix, il convient de définir :
- Le Prix auquel on veut le vendre. Attention à rester dans le « marché » ! Un prix ne doit être ni excessif, ni trop faible.
- La « Place« , comme la place de marché, où on veut le vendre, bref, à qui on s’adresse. Faut-il n’utiliser que les plateformes internet ou se déplacer ? A chacun de voir. Selon ses aptitudes et, bien sûr, son produit ou service.
- Et, enfin, la manière dont on va le Promouvoir. C’est là que vous pouvez « caser », entre autres, tout ce qui touche à l’entretien d’embauche et à l’argumentaire commercial.

Une fois qu’on a fait ce travail, il est beaucoup plus simple d’utiliser, notamment, l’une de ces nombreuses plateformes spécialisées pour se lancer. Citons, par exemple, pour les plus généralistes :
Le cumul emploi retraite ? Bientôt une nécessité pour beaucoup de seniors
Jusqu’à présent le cumul emploi retraite a plus relevé d’un choix personnel que d’une nécessité. Mais, la dégradation régulière des pensions de retraite, liée principalement au déséquilibre des tranches d’âge, et sans doute, la fin d’une époque, fondée sur la mondialisation des échanges, risque de s’accentuer. En effet, les mécanismes d’indexation semblent grippés pour un bon moment et les conditions de départ à la retraite seront, probablement, de moins en moins généreuses.
De ce fait, pour maintenir leur pouvoir d’achat et ne pas se laisser envahir par l’anxiété des seniors, ceux-ci vont devoir chercher le meilleur arbitrage entre :
- Plus de travail.
- Plus d’épargne.
- Moins de consommation.
Plus de travail, c’est ce que signifient l’allongement de l’âge de départ à la retraite, mais aussi le recours, de plus en plus grand, au cumul emploi retraite. Plus d’épargne, c’est notamment ce qui a permis jusqu’à présent de maintenir globalement le pouvoir d’achat des retraités, mais son impact risque de se réduire, si une forte inflation devait finir par s’installer.
Moins de consommation, c’est ce qui se traduira, en particulier, par moins de voyages, sauf pour s’exiler dans un pays à bas coûts, par une consommation plus intelligente et par un recentrage sur l’entraide familiale.