Comment faire face à l’anxiété des seniors?

Comment faire face à l'anxiété des seniors?

Au covid 19, qui est toujours là, s’ajoute désormais la guerre en Ukraine. La situation qui n’était déjà brillante sur le front de la santé mentale des Français et de l’anxiété des seniors, en particulier, risque donc de continuer à déraper. Ce dérapage, on peut le mesurer à de multiples signes : nombre de dépressions, taux de suicide, agressions, par exemple.

Les uns pouvant être considérés comme la conséquence des autres. Par suite, il est vital de chercher à s’en prémunir et, à défaut, d’y remédier.

 

Aperçu en quelques titres

Les symptômes de l’anxiété des seniors

Les seniors sont plus que d’autres segments de la population sujets à l’anxiété. La conscience d’un inéluctable vieillissement en constitue le terreau privilégié. Tant il exacerbe et multiplie les sources d’inquiétude. Au premier chef, bien sûr, figurent la maladie, les tensions sociales ou familiales et les guerres.

Cette situation se traduit par un certain nombre de symptômes caractéristiques. Comme, par exemple :

  • Une tristesse quasi permanente.
  • Un ennui profond et un manque d’intérêt pour presque tout.
  • Le sentiment de ne rien valoir.
  • L’impossibilité de dormir profondément.
  • L’impossibilité de fixer son attention.
  • La perte d’appétit.
  • Ne rien faire sans se traîner ou être fatigué.
  • Une envie récurrente de mourir.

 

Les dégâts causés par l’anxiété des seniors

On considère, en général, que le fait de présenter, au moins 5 de ces symptômes, tous les jours, pendant au moins deux semaines, caractérise un état de dépression. Cet état ne doit pas être confondu avec une déprime passagère.

Celle-ci est commune et s’interrompt d’elle-même à la première occasion. Pour un senior, ce peut être, par exemple, le coup de fil inattendu d’une personne qu’on aime. Ou encore, un échange d’amabilités avec son entourage immédiat : voisin, autres pensionnaires, commerçants, etc.

A l’inverse, une dépression ne doit pas être prise à la légère. Elle peut avoir des effets désastreux. Comme le suicide ou l’abus de faiblesse.

On peut en suivre l’évolution avec celle de la consommation des primo-délivrances d’anti-dépresseurs, d’antipsychotiques, d’anxiolytiques et d’hypnotiques.

Selon le 6ème rapport de l’Epi-Phare, publié en mai 2021, ces primo-délivrances se sont considérablement accrues, pour l’ensemble de la population, au cours des 13 mois précédents :

  • Antidépresseurs : +23 %
  • Antipsychotiques : + 18 %
  • Anxiolytiques : + 15,2 %
  • Hypnotiques : +26,4 %

Cette médicamentation vise, bien évidemment, à remédier à l’état dépressif et à éviter ses conséquences extrêmes que sont le suicide et l’abus d faiblesse.

 

Suicide des seniors

Pour évaluer au plus juste ce que recouvre l’expression suicide des seniors, il faut d’abord considérer que selon la Mutualité française :

La France, avec 13,2 suicides pour 100 000 habitants figure parmi les pays pour lesquels le taux de suicide est le plus élevé.

Or, il ne s’agit là que d’une moyenne établie à partir de l’ensemble des tranches d’âges. Si on examine les catégories les plus âgées, on note que plus de 30 % des suicides concernent des personnes de plus de 65 ans. Soit pour 2016, près de 3000 seniors.

Encore faut-il noter que c’est la tranche d’âge des plus de 75 ans qui tire cette moyenne vers le haut. En effet, pour ce qui concerne les seniors de 55 à 74 ans, ce taux n’est « que » de 18 %.

Ce qui est, quoi qu’il en soit, beaucoup plus élevé que les tranches d’âge inférieures, pour lesquelles ce taux est de l’ordre de 15%. On le voit, le suicide est loin d’être une particularité de l’adolescence comme on a trop souvent tendance à le croire.

Enfin, le taux de suicide des seniors devient franchement préoccupant quand on prend en compte leur origine professionnelle. Ainsi, le fait d’être agriculteur, ou de l’avoir été, est un facteur nettement aggravant. De sorte que, selon la MSA :

Au-delà de 65 ans, le risque de suicide dans cette tranche d’âge est deux fois plus élevé par rapport à la population générale.

En résumé, être un retraité agricole dans la France contemporaine, c’est être soumis au risque de suicide plus que partout ailleurs en Europe et par rapport aux autres retraités.

 

Abus de faiblesse des seniors

Autre aspect de la dépression, l’état de faiblesse dans lequel il met les seniors qui en sont victimes. C’est une des causes, parmi d’autres, de la maltraitance observée dans un certain nombre d’Ephad pourtant bien sous tout rapport, si on en juge seulement par leur communication.

Abus de faiblesse des seniors
Abus de faiblesse des seniors

Dans son livre récemment publié, Les Fossoyeurs, Victor Castanet en dresse un tableau sans concessions. On peut en tirer de nombreuses leçons qui aident à mieux évaluer la réalité des services d’un Ephad.

Il n’est, d’ailleurs, pas le seul. On peut également compléter son tableau par celui d’Elise Lucet, dans un des numéros de son émission Cash Investigation. Elle y dit à peu près la même chose que Victor Castanet.

Les effets de l’état de faiblesse engendré par une dépression devenue chronique ne se limite pas aux mauvais traitements réservés aux seniors par certains Ephad.

Avec la pandémie, le ministère de l’Intérieur a observé une accélération de la tendance haussière de l’insécurité en France. Les coups et blessures avec violence y ont augmenté de 12%. Les escroqueries de 15 %. Les violences sexuelles de 33%. Et les vols sans violence contre les personnes de 5%.

Ces statistiques concernent toute la population. Mais, bien évidemment, les seniors constituent une cible de choix pour les délinquants.

 

Comment prévenir l’anxiété des seniors

Dans ces conditions, on comprend qu’il est essentiel pour les seniors, catégorie particulièrement à risque, de tout faire pour éviter de tomber en dépression. Et donc d’en éliminer, autant que possible, la cause principale, c’est-à-dire l’anxiété.

 

Marche, vélo et Pilates pour prévenir l’anxiété des seniors

On peut commencer par l’activité physique. D’évidence, l’activité physique permet de garder un bon moral. Et pour ça, une petite demi-heure de marche, ou de vélo, par jour suffit largement. Nul besoin de s’astreindre à des exercices demandant trop d’effort.

Marche, vélo et Pilates pour prévenir l'anxiété des seniors
Marche, vélo et Pilates pour prévenir l’anxiété des seniors

A défaut de marche, on peut se contenter, par exemple, d’exercices Pilates. En effet, ils peuvent être pratiqués même en situation de handicap. C’est d’ailleurs parce que lui-même était dans cette situation que Joseph Pilates a mis au point la méthode qui porte son nom.

 

Hygiène de vie contre l’anxiété des seniors

Aux activités physiques qui entretiennent le sentiment que tout va bien malgré le vieillissement, on peut ajouter aussi le soin qu’on peut apporter à son alimentation et à son apparence.

Pour ce qui est de cette dernière, chacun connait ce « mantra » :

Quand je me vois dans un miroir, je me désole, quand je me compare, je me console.

Outre le soin apporté à son apparence, coiffure, vêtements, on peut aussi, sans que cela ne demande un gros effort, veiller à avoir une alimentation adaptée. Il y a ainsi des aliments qui, plus que d’autres, permettent de lutter, notamment contre le stress, grand facteur d’anxiété. Citons, entre autres :

  • Le poisson.
  • Le chocolat noir.
  • Les aliments fermentés.
  • Le thé vert et camomille.
  • Les noix.
  • Les graines de citrouille.

Enfin, si prendre soin de son corps est une bonne chose contre l’anxiété, prendre soin de son esprit en est une autre toute aussi importante.

De ce point de vue, il est certain qu’il vaut mieux éviter les lectures, les spectacles, les expos, les émissions, etc., naturellement déprimants, Rien, absolument rien, n’y contraint.

Pas même le souci d’être informé à une époque de surinformation. Autrement dit, on est toujours libre de « changer de chaîne« , à tout moment. Et de veiller, avant tout, à bien vieillir.

 

Comment remédier à l’anxiété des seniors

Une fois que l’angoisse, l’anxiété, ou tout autres symptômes précurseurs de la dépression, se sont installés, il est souvent très difficile, ou trop tard, pour mettre en œuvre une stratégie de prévention. Il faut alors passer à une autre étape. Celle du traitement de fond.

 

Suivre un protocole médicamenteux

C’est l’étape qui vient immédiatement à l’esprit. Car, elle paraît la plus simple à mettre en œuvre. On va voir son médecin traitant habituel. On lui explique ce qui ne va pas.

Et il y a alors de fortes chances pour que celui-ci prescrive un traitement comprenant l’un ou l’autre de ces médicaments anti-dépresseurs, suivis par l’Epi-Phare.

Suivre un protocole médicamenteux
Suivre un protocole médicamenteux

Mais, attention. Dans certains Ephad, comme l’a signalé Victor Castanet, dans son livre, précité, « Les Fossoyeurs », exemple à l’appui, cette prescription peut être malheureusement sans retour.

 

Suivre une psychothérapie

Par suite, avant d’en arriver au traitement médicamenteux, il est sans doute préférable de faire appel à un psychothérapeute. C’est affectivement plus contraignant que de prendre des médicaments. Et c’est aussi beaucoup plus cher.

Du moins jusqu’à il y a peu de temps. En effet, jusqu’à la récente loi de financement de la sécurité sociale pour 2022 et à son article 79, seules les consultations faites auprès d’un psychiatre pouvaient être remboursées.

Or, difficile d’aller voir un psychiatre quand on a le sentiment de n’avoir aucune maladie mentale. Seulement celui d’avoir du mal à vivre.

Cependant, les choses ont évolué. En effet, aux consultations remboursables des psychiatres, en qualité de médecins, peuvent s’ajouter maintenant celles données par des psychothérapeutes.

Bien que ceux-ci ne soient pas des médecins. A la condition, toutefois, de figurer sur une liste de psychothérapeutes conventionnés.

C’est là, une très grande avancée. Elle résulte de l’augmentation sensible des problèmes mentaux suscités par les confinements successifs.

De ce fait, le dispositif MonPsy, mis en place par les pouvoir publics, est ouvert à tous les assurés de plus de 3 ans, à partir du printemps 2022.

Ce dispositif prévoit un forfait de 8 séances, dont la première à 40 euros et les suivantes à 30 euros, remboursé à 100 % par la sécurité sociale. A noter que les consultations doivent avoir lieu dans un hôpital public ou un centre médicopsychologique.

 

Ce qu’il faut retenir

L’environnement des seniors devient de plus en plus anxiogène. Cet état, normalement conjoncturel, s’ajoute à l’anxiété naturelle qui résulte du vieillissement.

A partir d’un certain stade, cette anxiété se traduit en dépression. Si celle-ci n’est pas prise au sérieux par l’entourage du senior, à défaut du senior lui-même, celui-ci peut se laisser glisser sur une pente dangereuse pouvant le conduire au suicide ou en faire une victime des délinquants attirés par sa faiblesse morale.

Avant d’essayer de remédier à la dépression, il vaut mieux, sans aucun doute, chercher à la prévenir par des attitudes adaptées. Mais, si on ne peut faire autrement, reste le recours à une médicamentation prescrite par un médecin de confiance.

On peut aussi faire le point avec un psychothérapeute. Depuis la loi de financement de la sécurité sociale pour 2022, un forfait de 8 séances est entièrement remboursable grâce au dispositif MonPsy.

 

Enfin, peut-être est-il tout simplement temps de changer son regard sur le monde dans lequel on vit et la manière dont on s’y positionne. Ce changement de perception, ou de perspective, est, notamment, au cœur de la méthode Vittoz. Du nom du médecin éponyme. Laquelle dit que pour retrouver son contrôle cérébral :

Il faut regarder comme l’enfant au réveil.

Roger Vittoz