« Quelle télésanté pour les seniors ? » est une question que se posent beaucoup d’entre eux. Soit avec gourmandise, s’ils sont férus de « silver economy« . Soit avec un brin d’angoisse, quand tout, dans les nouvelles technologies ne leur évoque que maux de tête et « appels au secours ». En général, auprès des enfants et petits-enfants, pour ce qui est des derniers.
Pour les autres, ne reste plus, hélas, que le « pilulier » ! Sans parler, bien sûr, des multiples, et très légitimes, interrogations sur la qualité de soins dispensés quand ceux-ci doivent se faire par écran interposé. Mais, qu’en est-il exactement ? Faut-il s’en réjouir ou, au contraire, le déplorer ? Qu’est-ce qui relève du mythe et qu’est-ce qui relève du réel ? C’est que la santé des seniors, ça pèse !
Aperçu en quelques titres
Coût de la santé pour les seniors
On n’a pas l’intention de parler ici des préoccupations budgétaires des différents pouvoirs publics. Auxquelles, d’ailleurs, il leur est bien difficile d’échapper, compte tenu, naturellement, du poids grandissant des seniors dans la population totale et de leurs attentes. Non, il s’agit principalement d’apprécier ce coût, du seul point de vue des seniors eux-mêmes. Et encore, à domicile. Ce qui n’est déjà pas si mal !
Budget santé des seniors à domicile
On n’étonnera personne. Plus on vieillit et plus les dépenses santé augmentent. Basé sur 25 produits, le baromètre Silver Alliance-Retraite.com, premier du genre, indique que le montant des dépenses mensuelles que les seniors consacrent à leur santé va de 584 euros à 1836 euros, soit :
- 584 € pour les 65-75 ans.
- 740 € pour les 75-85 ans.
- 1836 € pour les plus de 85 ans.

Plus globalement, il précise que le coût moyen des dépenses de santé d’un senior est de 12514 € sur 30 ans, soit 1043 € par mois. Et par ailleurs, ce qui n’étonnera, là non plus, personne, qu’il varie en fonction du niveau des retraites.
Il est ainsi de 265 € par mois pour les seniors percevant une retraite de 903 € et de 834 € pour ceux percevant une retraite de 3100 €. Cette différence s’explique essentiellement par la différence entre la nature des biens et des services consommés. Un senior avec une petite retraite se contente de l’essentiel, alors que le senior avec une retraite confortable y ajoute ce qui l’est moins.
Quelles sont les dépenses santé prises en compte par le baromètre ?
De fait, le baromètre a été établi en prenant en compte les dépenses qui reste à la charge des seniors. Il suit l’évolution des prix de 25 produits ou services qui façonnent le quotidien des seniors et sont étroitement corrélés à ce qu’on peut appeler la culture seniors.

On trouve donc parmi ces 25 produits, par exemple :
- Les mutuelles.
- Les dépassements d’honoraires.
- Les restes à charge.
- Les coûts d’aménagement de l’habitat non subventionnés.
- Les frais de téléassistance.
- Les frais de téléphonie.
- Etc.
Part de mutuelles dans les dépenses de santé des seniors
Avec une moyenne de 824 € par an, le coût des mutuelles ne constitue pas, a priori, une part importante du budget santé d’un senior. Sauf que, il est quasiment incompressible. De sorte que lorsque le montant total des dépenses de santé que peut se permettre un senior est de l’ordre de 264 € par mois, la cotisation de la mutuelle en consomme alors près du quart.
Proportion qui rend les seniors dans cette situation d’autant plus sensibles à toute augmentation du montant des cotisations. Or, celui-ci évolue non seulement en fonction de l’évolution des coûts de gestion des mutuelles, mais aussi des taxes additionnelles que peuvent leur imposer les pouvoirs publics.

C’est ainsi, par exemple, que les mutuelles doivent désormais acquitter une taxe dite Covid pour compenser le surcoût des dépenses de la sécurité sociale lié à la gestion de la pandémie, dont la prise en charge à 100 % des téléconsultations, et justifiée par les économies réalisées par les mutuelles, du fait de cette même pandémie.
Que faut-il entendre par télésanté pour les seniors ?
Les différentes catégories composant la télésanté
La télésanté recouvre deux grandes catégories : la télémédecine et les télésoins. La télémédecine se subdivise elle-même en cinq sous-catégories : la téléconsultation, la télé-expertise, la téléassistance, la télésurveillance et la réponse médicale dans le cadre de la régulation médicale.
Toutes ces catégories sont désormais entrées dans le droit commun après la publication au Journal Officiel du 4 juin 2021 du décret n°2021-707 du 3 juin 2021 relatif à la télésanté.
Progression très forte des téléconsultations
L’évolution réglementaire fait suite au boom des actes à distance induits par la crise sanitaire. Et notamment, des téléconsultations. En effet, pour ne prendre que ce chiffre, très significatif, près de 19 millions de téléconsultations ont été remboursées par la sécurité sociale en 2020.

Ce qui représente 5,4 % de l’ensemble des consultations médicales. Cela peut sembler peu, mais c’est à comparer au 0,1 % pour ces mêmes actes, en 2019.
En fait, la progression des téléconsultations, poussée par la crise sanitaire, et sa consécration réglementaire, ne font que confirmer une évolution, déjà bien entamée, des pratiques dans ce domaine.
En particulier, pour la seniors. Mise à part la télé-expertise, à laquelle ils n’ont pas accès en tant que tel, les seniors ont désormais largement recours à toutes les autres formes de la télésanté.
S’il en est ainsi, c’est que la télésanté représente plus une chance pour les seniors qu’un pensum.
Avantages et inconvénients de la télésanté pour les seniors
La télésanté pour les seniors, un pensum ?
A bien des égards, les seniors peuvent considérer la télésanté comme un pis-aller. C’est ce qui explique, entre autres, la lenteur de son décollage. Du moins avant la crise sanitaire. Pour quelles raisons ?
Eh bien, pour beaucoup de seniors, rien ne vaut, notamment, le contact direct avec son médecin. Et le fait de devoir le consulter par écran interposé n’est donc pas très bien vécu.

A cet inconvénient de fond, qui, il faut bien le dire, peut être rédhibitoire, s’ajoutent tous les inconvénients d’ordre technique qui peuvent transformer n’importe quelle démarche de télésanté en véritable parcours du combattant.
Bref, en pensum bien lourd à gérer quand on a dépassé un certain âge et qu’on a pris, depuis longtemps, ses distances avec les dernières trouvailles technologiques.

Citons, par exemple, :
- Un équipement informatique obsolète ou déformé.
- Une incompréhension irrémédiable des opérations à effectuer.
- Des connexions défaillantes. Surtout le jour où on en a besoin.
- Le manque d’assistance.
- Etc.
Les avantages de la télésanté pour seniors
Mais, en vérité, les inconvénients de la télésanté pour seniors paraissent bien faibles, surtout qu’ils peuvent être facilement résolus, au regard de ses énormes avantages.
D’ailleurs, les seniors ne s’y trompent pas. Et, jour après jour, ils sont de plus en plus nombreux à faire appel à l’une ou l’autre des sous-catégories de la télésanté. On le comprend.
C’est qu’une fois qu’on y a goûté, on ne peut plus s’en passer. Gardons la téléconsultation, la plus en vogue actuellement, pour la fin, et laissons de côté la télé-expertise réservée aux professionnels de la santé.
La téléassistance
C’est la possibilité donnée à chaque senior de pouvoir être secouru, 24 H/24 H, en cas de besoin. Une société comme SeniorAdom propose, par exemple, un service de téléassistance, chez soi ou à l’extérieur, sans bracelet, ni médaillon, et même, sans internet et sans caméra !
Très utile pour une personne seule, ou handicapée, qui craint les chutes, mais aussi le « blues » de la solitude. Car la téléassistance, ce peut être aussi un petit moment sympa de discussion au téléphone.
La télésurveillance
Elle est moins connue, du moins pour son contenu santé, que la téléassistance et souvent, pour cette raison, on la confond avec celle-ci. Notamment, quand elle est centrée sur la sécurisation d’un domicile. De ce point de vue, la société Verisure en est un des leaders.
Pour autant, la télésurveillance, au sens du décret sur la télésanté est bien différente. Il s’agit, dans ce cadre, de télésurveillance médicale. Comme le précise le ministère des Solidarités et de la Santé, qui vient de lancer, à ce sujet, une expérimentation à grande échelle, dénommée ETAPES :
C’est ce qui permet à un professionnel médical d’interpréter à distance des données recueillies sur le lieu de vie du patient. Elle peut être mise en place pour tout patient dont la prise en charge nécessite une période de suivi médical. Elle est particulièrement adaptée aux personnes à risque d’hospitalisation ou ou de complication de leur maladie (pathologies chroniques, sortie d’hospitalisation, etc.)
La régulation médicale
Pour le coup, tout le monde sait de quoi il s’agit. En effet, elle correspond au fameux 15 dédié au SAMU.

A noter qu’il est prévu de le remplacer par un numéro d’urgence unique : le 112. Les Bouches-du-Rhône devraient être le premier département à l’expérimenter en 2024.
Les avantages de la téléconsultation
La téléconsultation a incontestablement bénéficié des confinements imposés par la crise sanitaire. De nouvelles pratiques sont nées et avec elles, de nouvelles exigences. Comme celle, en particulier, de ne plus avoir à patienter, quelque fois pendant plusieurs heures, dans une salle d’attente bondée, située loin de son domicile.
Cela dit, deux types de téléconsultation coexistent. Celle mise en place avec son médecin traitant habituel et celle hors parcours de soin. Les deux types de téléconsultation répondent, naturellement, aux mêmes critères de qualité défini, notamment, par le référentiel Ségur.
De sorte que la différence entre les deux types de téléconsultation tient essentiellement à ses modalité de remboursement.
- Elle est entièrement remboursée, si elle est assurée par le médecin traitant et que celui-ci a été vu en présentiel, au moins une fois au cours des 12 derniers mois.
- Elle n’est remboursée qu’à 30 %, sauf urgence, si elle se situe hors parcours de soins.
De nombreuses plateformes numériques offrent désormais un service de téléconsultation médicale telles que :
Selon le baromètre de la télémédecine, élaboré par Odoxa, l’ANS et le magazine Santé, 88 % des patients utilisateurs et 78 % des médecins également utilisateurs sont satisfaits. A noter qu’on est encore loin, en France, du niveau élevé de recours à la télémédecine tel qu’il apparait en Espagne ou en Angleterre.
Les télésoins pour seniors
Reste l’autre catégorie de télésanté : les télésoins. Elle se distingue de la télémédecine en ce sens qu’elle se pratique dans un cadre triadique et non dyadique. Autrement dit, elle fait intervenir un professionnel paramédical ou un pharmacien qui accompagner le patient et le suivre à distance en plus du médecin ou du spécialiste à l’origine du traitement.
La télésanté, une chance plutôt qu’un pensum
En définitive, quand on fait la somme de tous les avantages que peut procurer la télésanté aux seniors, naturellement gros consommateurs de produits et de services de santé, il n’y a pas photo : les avantages l’emportent largement sur les inconvénients.
Certes, le recours à la télésanté peut dérouter des seniors peu au fait des nouvelles technologies de l’information et de la communication, mais l’adaptation à ces technologies peut se faire en douceur et progressivement.
En tout cas, une chose est certaine, grâce aux nouveaux services promus par la télésanté, aucun senior ne risque de se retrouver seul et démuni, face à un problème de santé, quel que soit l’endroit où il vit. Pour peu, bien sûr, qu’il soit connecté, d’un manière ou d’une autre.