Préparer sa retraite avec une tontine

La tontine, kesako ? Une déformation du mot « tantine » ? Ou un truc vieillot datant d’avant l’irruption de la planète financière ?

Un peu des deux, à vrai dire. Une tontine est un mécanisme de prévoyance de nature amicale, familiale ou professionnelle. Et c’est aussi un mécanisme très ancien.

Alors pourquoi s’y intéresser pour préparer sa retraite ? Il y a tant de possibilités offertes par le marché ! Plus commodes et plus modernes.

Eh bien, son premier attrait, c’est son rendement. Et le deuxième, sa sécurité. Ce qui est largement suffisant pour chercher à savoir comment ça marche et comment ça peut être un bon moyen d’améliorer sa retraite.

 

Aperçu en quelques titres

Une tontine, comment ça marche ?

Histoire de la tontine

La tontine a été inventée par Lorenzo Tonti, un banquier de Naples. Il y a presque 4 siècles !  En 1653, exactement.  Et cela, à la demande de Mazarin qui cherchait un moyen pour redonner de « l’air » au trésor royal.

Portrait du cardinal Mazarin, en buste, de 3/4 dirigé à gauche dans une bordure octogone : [estampe] | Gallica

Mais, le vrai lancement de la tontine, sous nos latitudes, date de la création des assurances mutuelles Le Conservateur, en 1844, par le Général Riffault, alors directeur de l’Ecole Polytechnique.

Reste que la tontine est un mécanisme d’épargne et de prévoyance connu depuis fort longtemps, puisqu’on en trouve des traces en Afrique et en Chine, depuis au moins 2000 ans !

 

Principe de fonctionnement d’une tontine

Le fonctionnement d’une tontine est simple. Il suffit d’adhérer à un association comme on peut le faire, par exemple, en adhérant à un club d’investissement. Puis d’apporter régulièrement sa cotisation à l’association pendant toute la durée prévue pour son existence. En général, de 10 à 25 ans. 

Mais encore ?

Les sommes collectées sont bloquées et confiées à un gestionnaire qui agit au nom de l’association. Et quand, l’association arrive à son terme, elle est dissoute.  Les sommes collectées, et placées, pendant toute le durée de son existence sont alors réparties entre les adhérents survivants. Simple, non ?

La répartition des fonds de la tontine se fait suivant une clef de répartition qui tient compte, notamment, de l’âge du souscripteur, du montant de ses cotisations et de la date d’entrée dans l’association.

 

Exemple de fonctionnement d’une tontine

A titre d’exemple, un épargnant âgé de 45 ans, apportant chaque année dans sa tontine la somme de 2000 € et ce, pendant 20 ans, à partir de 1982, aurait pu retirer, au moment de la dissolution de sa tontine, en 2002, la somme de 100 800 €. Pas si mal, pour démarrer sa retraite et compenser la baisse régulière du pouvoir d’achat de ses pensions de retraite.

 

Comment améliorer sa retraite avec une tontine ?

 Mode de gestion d’une tontine

Le mode de gestion privilégié d’une tontine est ce qu’on appelle un mode de gestion par horizons. Autrement dit, le type de placement varie en fonction de la date limite de la tontine.

Au début de la tontine, quand cette date limite est très éloignée, son gestionnaire ne craint pas de faire des placements à risque. Il a le temps devant lui et aucun adhérent ne peut retirer les fonds versés avant cette date.

Mais, plus la date limite approche, plus les placements se doivent d’être sécurisés. Plus question de chercher de hauts rendements, quand on sait qu’il va falloir bientôt rendre des comptes aux adhérents.

Par ailleurs, l’investissement dans une tontine s’apparente à celui d’un investissement en viager. Au moment de la liquidation de la tontine, ses avoirs sont répartis entre les adhérents survivants.

S’il n’en reste qu’un, lui seul hérite de tout. Ce qui n’est pas rédhibitoire, bien au contraire, si on prend la précaution de protéger ses versements par une assurance décès et PTIA. Evidemment, une telle couverture représente un coût supplémentaire.

 

Rendement annuel d’une tontine

Compte tenu de son mode de gestion et de son caractère viager, le résultat, au moment de la liquidation de la tontine, fait souvent apparaître un rendement net annuel de l’ordre de 5 %. Et cela, quelle que soit l’inflation.

Plutôt bien, quand on ne s’occupe de rien. Mais, il est vrai aussi que ce rendement n’est pas garanti et qu’il est, par nature, aléatoire.

 

Fiscalité de la tontine

A l’avantage du rendement, s’ajoute celui de la fiscalité. La fiscalité applicable aux revenus d’une tontine est celle de l’assurance-vie. Par conséquent, la tontine est un mode d’épargne parfaitement autorisé en France. En deux mots, la fiscalité des revenus d’une tontine se traduit par :

  • Un abattement de 4600 € pour une personne seule, et de 9200 €, pour un couple.
  • Et l’application du barème progressif de l’IRPP ou d’un prélèvement libératoire de 7,5 %.

A noter qu’avant 70 ans, les sommes versées dans une tontine ne sont pas prises en compte dans le calcul de l’ISF. De même, rien ne s’oppose à ce qu’on puisse entrer, chaque année, dans une nouvelle tontine.

 

Comment favoriser les héritiers de son choix avec une tontine ?

Au-delà de son rendement et de l’intérêt que cela représente pour améliorer sa retraite, ce qu’il y a de bien avec une tontine, c’est qu’elle facilite la transmission de biens à des personnes que l’on souhaite privilégier comme, par exemple, des petits-enfants ou une épouse ou encore un concubin.

Pourquoi ? Parce que ces biens n’entrent pas dans le champ normal d’une succession et en sont donc exclus. Cela peut toujours être utile. D’autant qu’une tontine n’est pas que financière. Elle peut être aussi immobilière ! C’est ce que les notaires appellent le pacte tontinier.

 

Comment se prémunir contre les aléas de la vie avec une tontine ?

Prendre sa retraite ne peut pas être, franchement, considéré comme un aléa de la vie. En effet, rien de plus métronomique qu’un départ à la retraite. Cela dit, les conditions de ce départ à la retraite sont, à l’inverse, largement conditionnées par ces aléas. Et, notamment, par des pertes de revenus importantes, imprévisibles et difficiles à compenser.

C’est une situation que connaissent bien, par exemple, les professionnels de la santé, médecins et paramédicaux. En effet, leurs revenus dépendent étroitement de leur capacité à générer des consultations. Ce qui impacte, naturellement, le calcul de leur retraite. Qu’ils décèdent, ou qu’ils soient soudain dans l’incapacité d’assurer leur service et eux-mêmes et leur famille peuvent se retrouver, du jour au lendemain, sans ressources. Et cela, malgré, les assurances auxquelles ils ont souscrit.

 

Pourquoi ? Parce que la plupart de ces assurances ne se déclenchent qu’après des périodes de carence qui peuvent être fort longues et exclure tout versement d’un capital-décès aux ayants-droits. C’est pour remédier à ces difficultés que beaucoup de professionnels de la santé adhérent à une tontine médicale.

Une des meilleures d’entre elles, la tontine des hôpitaux de Paris, dite aussi CIM, compense ainsi les pertes de revenus pendant les périodes de carence et verse un capital décès de 40 000 € aux ayants-droits du professionnel de santé décédé. Encore faut-il, bien sûr, y avoir adhéré et accepté que ses versements y soient faits à fonds perdus.

 

Où s’adresser pour trouver une bonne tontine ?

Le Conservateur : c’est la société qui offre le plus d’expérience en matière de tontine. D’ailleurs, elle domine pratiquement la totalité du marché. Elle a des représentants dans chacune des régions. Mais, on peut la contacter via sa fiche contact.

Cependant, il faut noter que même si elle gère près de 400 millions d’euros pour le compte de 136 000 tontiniers, cette activité ne correspond qu’à une petite fraction des 9,2 milliards € d’actifs qu’elle gère.

Le fait est que Le Conservateur propose aussi des assurances-vie et d’autres produits d’épargne et de prévoyance.

 

En résumé

Que ce soit principalement pour améliorer sa retraite, ou encore « flécher » un héritage ou se prémunir contre les aléas de la vie, le pacte tontinier présente toujours un grand intérêt, malgré son ancienneté. Peut-être justement à cause de cette ancienneté qui lui a permis de faire ses preuves sur le long terme.

Par conséquent, 10 ou 20 ans avant d’arriver à l’âge de la retraite, il peut être utile de « tontiniser », mensuellement ou annuellement, une somme à la mesure de ses moyens, comme si on le faisait à fonds perdus.

Le jour venu, celui de la liquidation, et de son départ en retraite, on retrouve alors ces fonds capitalisés et augmentés.