Avec l’âge, la question de savoir quoi manger quand on est senior devient de plus en plus cruciale. Est-ce si surprenant ? Bien sûr que non ! On sait depuis la plus haute antiquité que les aliments valent tous les médicaments du monde ! Et on sait donc que bien s’alimenter est un des premiers facteurs pour rester, non seulement, en bonne santé, mais aussi pour la retrouver, quand précisément on a un problème de santé. Et c’est encore plus vrai quand on vieillit. Or, c’est précisément quand on vieillit que l’on a le plus tendance à mal se nourrir. Le problème posé est celui de la dénutrition des seniors. Pourquoi cela ? Quelles en sont les conséquences ? Comment faire pour l’éviter ? Telles sont les questions à se poser passé un certain âge.
Aperçu en quelques titres
C’est quoi la dénutrition des seniors ?
La définition, facile et commune, de la dénutrition, la confond avec la malnutrition. Autrement dit, grosso modo, avec la sous-alimentation. C’est à la fois vrai et faux. Et particulièrement faux, quand on se focalise sur l’alimentation des seniors.
Dans ce dernier cas, quand on parle de dénutrition des seniors, il s’agit moins de sous-alimentation, encore que, mais d’alimentation très déséquilibrée. Au point d’en devenir pathologique. Un site web comme Nutrisens la définit comme :
Une carence en protéines et en énergie, le plus souvent accompagnée d’une carence en vitamines et en oligo-éléments.

Bien évidemment, et fort heureusement, tous les seniors ne sont pas sujets à la dénutrition. Ou à ce qu’on pourrait appeler la « mal bouffe des seniors« . Si on en croit le site web précité, se référant à une étude de la Haute Autorité de Santé, datant de 2007, les risques de dénutrition seraient, en fait, largement liés à leur domiciliation.
Ainsi, la dénutrition toucherait :
- Près de 10 % des seniors vivant à domicile.
- Jusqu’à 40 % de ceux vivant en institution.
- Et jusqu’à 70% de ceux qui sont hospitalisés.
De quoi donner à réfléchir et souligner l’importance de l’autonomie dans la façon de s’alimenter. Après tout, tant qu’on est libre d’aller et venir, et qu’on dispose des ressources nécessaires, on finit toujours par se nourrir correctement et suffisamment.
Autrement dit, selon son appétence. Laquelle est, d’une certaine façon, le meilleur des guides en la matière. Et à éviter le genre d’établissement décrit par Victor Castanet ! Car, plus les seniors avancent en âge, moins ils peuvent être autonomes. D’où une dénutrition qui a tendance à croître avec l’âge et avec le type d’hébergement.
Mais, en ayant dit cela, peut-on être certain d’avoir fait le tour de la question ? Pas sûr. C’est ce que montrent les facteurs aggravant la dénutrition des seniors.
Les facteurs aggravant de la dénutrition des seniors
Indépendamment des problèmes liés à la perte de mobilité et de changement de lieu de résidence que cela impose, un certain nombre de facteurs aggravent la tendance à la dénutrition des seniors.

Les facteurs physiques ou physiologiques expliquant la dénutrition des seniors
Les premiers facteurs conduisant à la dénutrition des seniors sont tout simplement d’ordre physique. Plus on avance en âge et plus on doit faire face à toute une série d’incommodités résultant, principalement, d’une mauvaise dentition, d’une perte de goût, d’une constipation chronique ou encore d’une déshydratation insidieuse.
A noter que la constipation n’est souvent que le symptôme de troubles plus généraux du système digestif. Surtout quand elle est chronique ou alterne avec des épisodes diarrhéiques. Dans ce cas, il y a de fortes chances pour que ces troubles digestifs soient la conséquence d’une maladie diverticulaire.
Notons également, que l’agueusie, terme savant pour définir la perte de goût, est un des symptômes récurrents dans la covid-19. Apparue au début de l’année 2020, cette maladie a fini par s’installer de façon durable dans le paysage sanitaire au gré des mutations de ses virus porteurs. Le sous variant BQ.1.1 alimente ainsi, fin 2022, une neuvième vague de contaminations dont le nombre quotidien de contaminés dépasse allègrement les 60 000 personnes.
Facteurs sociaux à l’origine de la dénutrition des seniors
Les facteurs sociaux à l’origine de la dénutrition des seniors ne sont pas moins importants que les facteurs physiques ou physiologiques. Parmi ces facteurs trois ressortent plus particulièrement.
Selon certaines études plus de 500 000 seniors de plus de 60 ans vivant en France ne rencontrent quasiment jamais personne et peuvent être considérées en situation de quasi mort sociale. La situation peut même prendre des allures de catastrophe passés 75 ans. Et encore ne s’agit-il là que des cas les plus extrêmes.
Bien des choses de la vie concourent pour qu’il en soit ainsi. Citons, par exemple, un éclatement familial irréductible, la perte d’un conjoint ou encore la perte d’autonomie. La traduction de tout cela est une immense solitude aggravée par un incompressible sentiment d’abandon.
Ajoutons que la situation des seniors ainsi isolés peut prendre un tour carrément dramatique si aux effets de l’âge s’ajoutent ceux liés à un hébergement proche de l’insalubrité ou des ressources permettant juste de survivre. Lesquels ne facilitent évidemment pas le maintien de liens sociaux.
On comprend donc sans peine que ces conditions de vie s’accompagnent d’une dénutrition des personnes qui les subissent.
Les causes morales à l’origine de la dénutrition
Autre facteur tout aussi important que les deux précédents, le facteur moral. Le XXIème siècle est dur à vivre pour les seniors. Beaucoup de seniors ne s’y retrouvent pas et se déclarent inadaptés.
Le monde d’internet se révèlent pour beaucoup une barrière infranchissable. De plus, le moindre déplacement peut devenir rapidement un parcours du combattant. Les ronds-points deviennent vite des zones à risque où il est dangereux de s’aventurer. Entre autres.
Il en résulte pour les seniors un état général dépressif et un sentiment d’anxiété quasi permanent. On comprend là aussi que l’un et l’autre ne créent pas les meilleures conditions qui soient pour s’alimenter convenablement.
Conséquences de la dénutrition des seniors
Tout cela, au fond, ne serait pas très grave si la dénutrition n’avait pour conséquence qu’un inconfort momentané. Après tout, arriver au bout d’une longue existence, c’est aussi avoir pu faire preuve de beaucoup de résilience.
Sauf que, ce qu’on peut supporter facilement à 20 ans, l’est beaucoup moins à 60. Et, malheureusement, la dénutrition est un facteur aggravant les pathologies liées à l’âge.
Citons, entre autres :
- l’affaiblissement global du corps et une augmentation du déficit immunitaire.
- Une carence, notamment, en vitamines D et en calcium. On en voit, d’emblée, les conséquences en cas de chute et de risque, par exemple, de fracture du col de fémur.
Bref, la dénutrition est incontestablement un facteur qui diminue l’espérance de vie tout court.
Que faire pour remédier à la dénutrition des seniors ?
Evidemment, la première chose à faire pour remédier à la dénutrition des seniors, c’est d’en traiter les causes. Cela parait simple, mais, en fait, ça ne l’est guère.
Respecter un bon équilibre alimentaire
Commencer par reconstituer une relation de confiance
En effet, dans beaucoup de cas, les seniors dénutris n’ont pas conscience de l’être. Le phénomène s’apparente, toute chose égale par ailleurs, à une addiction. Autrement dit, la condition préalable au traitement d’une dénutrition implique la reconstitution d’un minimum de lien social ou, à tout le moins, celle d’une relation de confiance. Pas commode !
Prévenir la dénutrition des seniors
Compte tenu des difficultés d’une remise en ordre nutritionnelle, il est essentiel de veiller à faire les bons gestes avant que la dénutrition ne se soit vraiment installée. Ce qui suppose, au minimum, un suivi individuel qui permette d’éviter tout risque d’isolement.
Cela acquis, la prévention de la dénutrition passe par trois types d’actions.
Composition et présentation de l’assiette du senior
Le premier type concerne la composition et la présentation de l’assiette destinée au senior. Naturellement, elle doit être équilibrée. C’est le plus facile. Et toutes les institutions ayant en charge des seniors y font particulièrement attention.
Mais, c’est loin d’être suffisant. L’assiette proposée doit être appétissante. Et pour cela, être à même de solliciter tous les sens du senior. A la suite du projet Aupalesens, lancé il y a quelques années, de nombreuses initiatives, issues de la recherche, ont vu le jour pour améliorer cet aspect déterminant dans l’alimentation des seniors. Le site web senior et sens les résume de manière détaillée.
On ne saurait trop insister sur le rôle primordial que jouent les animaux de compagnie pour les seniors et, notamment les chiens, dans la sauvegarde du lien social.
Cependant, il est non évident qu’avoir à s’occuper d’un chien est aussi une charge et une charge qui peut être très coûteuse. Point qui peut devenir très problématique quand le fidèle compagnon devient très âgé et que le pouvoir d’achat des pensions de retraite des seniors est progressivement laminé par l’inflation.
Reste, bien sûr, les innombrables associations qui constituent quasiment un puits sans fond où la générosité atavique des seniors en demande peut trouver à se satisfaire. Un site comme Asso1901 en répertorie plus de 2 000 000. De quoi y trouver son bonheur pour peu qu’on veuille s’y lancer.
Faire un minimum d’exercice physique
C’est tout bête, mais faire de l’exercice physique, ça aide à ouvrir l’appétit ! Naturellement, il ne s’agit pas là aussi de faire n’importe quoi. Avoir plus de 60 ans, ce n’est plus en avoir 20, comme aurait pu dire Monsieur de Lapalice.
Quoiqu’en pensent certains seniors qui veulent oublier l’âge de leurs artères, certains exercices physiques spécial seniors sont donc plus appropriés que d’autres pour rester en forme quand on n’est plus de la première jeunesse.
Mais, ce qui n’exclut pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, toute activité sexuelle. Il y a, en effet, une activité sexuelle spécifique pour les seniors.
Comment bien vieillir pour vivre plus longtemps
A coup sûr, la dénutrition, qu’elle soit inconsciente ou forcée, n’aide pas à bien vieillir. Bien au contraire, elle renforce incontestablement les mécanismes du vieillissement.
Par suite, une bonne alimentation, c’est-à-dire une alimentation saine, équilibrée et appétissante, est une des règles fondamentales du bien vieillir.