Naturellement, on n’aime pas y penser à l’avance. Souvent, les défunts s’en sont occupés avant de mourir. Soit oralement, soit par écrit, ils ont pris la peine de laisser des instructions pour que les choses se passent selon leur volonté, le moment venu. Autrefois, c’était relativement simple. Aujourd’hui, la déchristianisation, l’écologisme, le manque d’argent, ont largement rebattu les cartes. Le rite funéraire a perdu de son uniformité et peut prendre de multiples formes. Mais, d’abord, c’est quoi un rite funéraire et à quoi ça sert ?
Aperçu en quelques titres
C’est quoi un rite funéraire ?

Définition du rite funéraire
D’une manière générale, un rite funéraire, c’est l’ensemble des gestes et des attitudes qu’ont les parents et les proches d’un défunt entre le moment où la mort est quasi constatée et celui où la séparation devient définitive.
Mais, au-delà de sa définition factuelle, le rite funéraire cumule plusieurs significations.
Significations du rite funéraire
C’est d’abord un rituel ancestral. On peut dire que c’est parce qu’elles avaient des rites funéraires que sont nées les premières civilisations. Autrement dit, pas de civilisation sans rite funéraire. Qu’on se le dise !
Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que le rite funéraire n’a rien d’utilitaire en soi. Il témoigne simplement d’une croyance en quelque chose d’essentiel qui se situe au-delà du réel immédiat et à laquelle on ne peut se soustraire.
La satisfaction n’est plus celle d’un besoin élémentaire tel que, par exemple, celui de manger ou de se protéger des intempéries, mais celle d’un besoin essentiellement d’ordre spirituel. Et probablement, le premier d’entre eux.
De fait, cette croyance peut aller de la seule marque de respect pour le défunt, en passant par l’hommage, plus ou moins dithyrambique qui peut lui être rendu, jusqu’à l’évocation d’un monde surnaturel.
C’est d’ailleurs la manière dont s’exprime cette croyance qui permet de différencier les obsèques des funérailles. Plus cette expression est développée et plus on parle de funérailles plutôt que d’obsèques. En bref, les funérailles, ce sont des obsèques en « grand ».
A quoi ça sert un rite funéraire ?
Cela dit, indépendamment de ses indéniables aspects spirituels, le rite funéraire remplit également au moins trois fonctions civiles précises qu’il convient de ne pas bâcler.
Le rite funéraire entérine un état de fait
Il est extrêmement difficile d’accepter qu’un proche ne puisse plus être là parce que mort. On ne veut pas y croire. Or, le rite funéraire est bien cet ensemble de gestes et d’attitudes qui permet « d’imprimer » plus facilement cette nouvelle réalité qu’on se refuse à admettre.
Le rite funéraire est un acte à la fois public et privé
Comme le rite funéraire est, en principe, toujours public, ne serait-ce que du fait de la présence des professionnels des pompes funèbres, il ajoute au ressenti personnel celui de toutes les personnes qui s’y associent par leurs condoléances et, par suite, le conforte.
Une étape importante dans le processus de deuil
Sans entrer dans le détail des différentes étapes que peut suivre ce processus, 4, 5 ou 7, voire 9, selon les auteurs, il est certain que le rite funéraire constitue une pièce essentielle de ce processus. Notamment, quand il s’agit d’accepter la perte du proche.
Les différentes formules de rite funéraire

Compte tenu de l’importance que revêt le rite funéraire, c’est peu de dire qu’il nécessite d’être bien préparé. Son déroulement se doit donc d’être soigné. On comprend que les circonstances ne s’y prêtent guère. Sans même parler des convictions ou des ressentiments qui peuvent le parasiter.
Cela dit, une attention particulière doit être apportée à trois moments clef du rite funéraire et, d’évidence, le choix des professionnels des pompes funèbres se révèle déterminant dans ce domaine. Et, de ce point de vue, le prix ne peut pas être l’unique critère de choix.
Les préparatifs du rite funéraire
Lorsqu’on apprend la mort du proche, bien des choses doivent être faites avant que le rite funéraire proprement dit puisse se dérouler. Le corps doit notamment être préparé pour qu’il puisse être conservé en bon état un certain temps.
C’est ce temps gagné grâce aux opérations de conservation qui permet d’exposer le défunt dans une chapelle funéraire et de faire en sorte d’informer tous ceux qui doivent l’être.
Cette information est à deux niveaux. Elle est d’abord destinée aux proches, puis elle est plus largement diffusée. Le premier niveau est celui qui permet de faire une sorte de « tri » dans les personnes qu’on souhaite ou qu’on ne souhaite pas voir venir aux obsèques.
En effet, nul besoin de transformer le rite funéraire en une sorte de règlement de compte à la OK Corral. Quant au deuxième niveau, c’est celui qui donne les indispensables indications concernant le déroulement des obsèques. Et en premier, le jour, le lieu et l’heure.
En général, c’est le rôle dévolu à l’avis d’obsèques publié dans un journal local.
Traitement du corps du défunt
Quand on arrive au stade de l’avis d’obsèques, on a forcément déterminé la manière dont le corps du défunt va être traité. Aujourd’hui, deux grandes tendances s’opposent, soit le corps est inhumé, soit il est incinéré.
On peut laisser de côté, on l’espère pour longtemps, la dernière trouvaille écologiste qui préconise l’humusation. Selon le site web Humusation.org :
L’Humusation est un processus contrôlé de transformation des corps humains par les micro-organismes, qui sont présents uniquement dans les premiers cm du sol, dans un compost de broyats de bois d’élagage, qui transforme, en 12 mois, les dépouilles mortelles en Humus sain et fertile.
Pour l’instant, cette pratique est interdite par la loi. Raison pour laquelle, une proposition de loi visant à l’expérimenter a été déposée le 31 janvier 2023. A l’origine de celle-ci, Elodie Jacquier-Laforge, député Modem et Vice-présidente de l’Assemblée nationale.
Cela dit, il fut un temps où l’incinération était difficilement vécue du fait de ses conditions. Il n’en est plus de même aujourd’hui. Pour autant, l’inhumation reste quand même le traitement privilégié par les familles.
Dans ce dernier cas, la liste des opérations à mener s’allonge inévitablement, choix de la cuve funéraire et de la pierre tombale, choix du cercueil, etc. De sorte que bien des dispositions doivent être prises dès lors que le proche entre dans la toute dernière phase de son existence qui est celle de son agonie.
Cérémonie religieuse ou civile
Dans le monde déchristianisé tel qu’il est aujourd’hui se pose avec acuité la question de savoir si la cérémonie incluse dans le rite funéraire doit être religieuse ou civile.
Disons d’emblée, que l’absence de pratique religieuse du défunt n’empêche pas qu’il puisse faire l’objet d’une cérémonie religieuse. De ce point de vue, les paroisses ne sont, en général, pas très exigeantes.
Cependant, le choix d’une cérémonie religieuse implique une réunion de préparation avec la personne qui en est chargée au niveau paroissial. C’est avec elle qu’il convient de discuter du choix des textes bibliques et des passages musicaux.
C’est également avec elle qu’il convient de se déterminer si la cérémonie religieuse prendra la forme d’une simple bénédiction ou s’accompagnera d’un moment eucharistique.
Quoi qu’il en soit, le tournoiement du prêtre autour du cercueil, balançant lentement son encensoir d’où s’échappent les fumerolles de l’encens qui s’y consume est un très bel hommage rendu à celui ou à celle qui quitte ce monde. Et cela n’est possible que dans le chœur d’une église.
L’oraison funèbre
Autre hommage plein de sens qui a lieu au tout début de la cérémonie : l’oraison funèbre. Prononcée par un proche du défunt, elle est l’occasion de rappeler à tous ce que le défunt a pu faire de significatif pendant son existence.
Plus exactement, c’est l’occasion d’extraire de son histoire personnelle ce qui peut servir de leçon pour ceux qui l’ont connu et qui sont encore en vie. C’est un des moments forts du rite funéraire. Malgré les difficultés de l’exercice, car il est fréquent que l’orateur se laisse, à ce moment là, envahir par l’émotion.
Par bien des aspects, l’oraison funèbre se rattache, de fait, au culte traditionnel des ancêtres. En apportant un maillon supplémentaire dans l’histoire familiale, dans ce qu’il a de plus positif, il aide les générations à venir à mieux vivre leur vie.
Les rites funéraires sont naturellement coûteux
Il n’en reste pas moins que, qu’on s’y prenne d’une manière ou d’une autre, les rites funéraires sont coûteux. Ils avoisinent facilement les 4000 euros. D’où l’intérêt des conventions, des assurances obsèques ou d’un compte dédié. Même si des aides existent.
Normal, ils se doivent d’être soignés. Rien de pire qu’un rite funéraire mal tenu. Nul doute que ce soin, cette attention donnée une dernière fois au défunt contribue à en préserver la mémoire. On comprend alors d’autant mieux Jean d’Ormesson quand il dit :
Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants.