Il est rare qu’un freelance se préoccupe de sa retraite quand il se lance. Car ce qu’il veut avant tout, c’est préserver sa liberté. D’une manière générale, il hait les contraintes.
Hors mis celles qu’il s’impose lui-même à lui-même. De ce fait, la « retraite », c’est quelque chose qui ne fait pas vraiment partie de son « logiciel ». Et pourtant, comme pour tout un chacun, la « retraite » finit, un jour, par frapper à sa porte.
Là, gare aux mauvaises surprises. Surtout si on ne veut pas être obligé de rechercher des clients jusqu’ à un âge avancé. Pour le coup, ce n’est pas ce qu’on peut décrire comme la meilleure façon de vivre libre.
Donc, à plus forte raison, quand on fait le choix d’être freelance, préparer très tôt sa retraite est une priorité.
Aperçu en quelques titres
C’est quoi un freelance ?
Il y a freelance et freelance. En traduction mot à mot, le freelance est un travailleur indépendant. De ce point de vue, ça recouvre beaucoup de monde.
De 2,5 millions en 2008, ils seraient passés à 3,2 millions en 2019. Et la tendance est loin de faiblir. On peut même dire que la crise sanitaire lui a donné un coup de fouet. D’autant que si on interroge les Français, près de 40 % aimeraient travailler à leur compte.

Cela dit, quand on parle de freelance, on pense plutôt à certaines catégories de travailleurs indépendants. Difficile, par exemple, de dire d’un plombier qui travaille à son compte que c’est un freelance. Même s’il appartient à la même catégorie d’un point de vue administratif.
Les deux grands types de métiers exercés par les freelances
Par suite, quand on parle de freelance, on pense, en réalité, à deux grands types de métiers, les métiers du web et les métiers créatifs. Et sous cet angle, il y aurait 1,2 millions de freelances. Pas si mal !
Les métiers du web

Les freelances, qui exercent un métier du web, sont, en général :
- Développeur.
- Rédacteur web.
- UX designer.
A noter que les développeurs regroupent presque 25 % des freelances de la catégorie.
Les métiers créatifs

C’est l’autre grand type de métiers exercés par les freelances dans lequel on trouve, notamment :
- Les graphistes.
- Les photographes.
- Les monteurs vidéo.
Les plateformes de freelancing
Evidemment, les freelances ne peuvent guère exercer leur métier sans un minimum d’outils. En particulier, pour les aider à trouver des clients. Comme pour d’autres professions, ils ont ainsi le choix entre pratiquement une cinquantaine de plateformes généralistes ou spécialisées.
Citons, entre autres, parmi les plateformes généralistes de référence :
- Malt. Très connue en France. Avec la particularité de pouvoir jouer le rôle de tiers de confiance. Bien commode pour la facturation.
- 404 Works. Elle existe depuis 2009. Facile d’utilisation.
- Freelance.com. Elle aussi très facile d’utilisation. Une fois son profil créé et validé, il suffit d’attendre d’être contacté. Comme un pêcheur qui tend une ligne.
Et parmi les plateformes spécialisées :
- Freelance Info et FreelanceRepublik pour les développeurs et tech. Avec la particularité pour la seconde d’être très sélective et par suite de donner accès à des missions plutôt « sélect ».
- Graphiste.com pour les graphistes ou designers.
- Textbroker, Redactiweb ou Scribeur pour les rédacteurs web.
La retraite d’un freelance dépend de son statut
Retraite d’un freelance micro-entrepreneur
Un freelance a le choix entre plusieurs statuts juridiques quand il lance son activité. Mais, globalement, les 3/4 des freelances choisissent d’être micro-entrepreneurs. Ce qu’ils peuvent être en adoptant les statuts de l’entreprise individuelle, de l’EIRL, de l’EURL, de la SASU ou en étant gérant majoritaire d’une SARL.

L’important à retenir, c’est qu’un freelance micro-entrepreneur adhère, de ce fait, au régime micro-social. Affilié soit à la SSI, ex-RSI, soit à la CIPAV, suivant la nature de son activité, le montant de sa retraite va dépendre du revenu moyen annuel de son activité, du nombre de trimestres validés, et de l’âge auquel il part à la retraite.
A noter que, s’il est admis qu’en cas d’absence de chiffre d’affaires, les cotisations ne sont pas dues, l’absence de cotisations ne donne droit aussi à aucun droit à pension.
Retraite d’un freelance en portage salarial
Une autre façon pour un freelance de régler les problèmes liés au paiement des diverses cotisations sociales est de devenir salarié d’une société spécialisée dans le portage salarial. C’est le meilleur moyen de ne rien oublier et de satisfaire à toutes ses obligations dans ce domaine.
Le portage salarial est une relation contractuelle tripartite dans laquelle un salarié porté d’une entreprise de portage salarial effectue une prestation pour le compte d’entreprises clientes. D’une part, un contrat de travail est établi entre le salarié porté et l’entreprise de portage salarial. D’autre part, un contrat commercial est établi entre l’entreprise de portage salarial et l’entreprise cliente.
Il s’agit donc d’une formule hybride dans laquelle le freelance reste totalement maître de l’organisation de son travail, mais avec comme particularité que sa partie contractuelle et administrative est gérée par l’entreprise de portage dont il est le salarié.
Parmi les sociétés de portage salarial, on peut citer, par exemple, ITG ou RH Solutions, ou encore se référer à un guide du portage, pour trouver celle qui convient le mieux à ses besoins.
Les compléments de retraite : Madelin et PERP
Les contrats de retraite Madelin
Les contrats de retraite issus de la loi Madelin de 1999 ont incontestablement constitué pendant longtemps un bon instrument pour améliorer la retraite des souscripteurs travailleurs indépendants. Cependant, depuis le 1 octobre 2020, s’il est toujours possible de bénéficier des avantages d’un contrat souscrit avant cette date et de le perpétuer, il n’est, par contre, plus possible d’en souscrire un nouveau.
Les Plan d’Epargne Retraite Individuels (PER)
Institués par la loi PACTE de 2019, les PER s’adressent à tout le monde et donc aux micro-entrepreneurs ou auto-entrepreneurs. Leurs versements sont déductibles du revenu imposable dans la limite, bien sûr, d’un plafond. Cela dit, suivant les cas, cette déduction peut aller de 4113 €, égal à 10 % du PASS, à un maximum de 76 101 €.
Le gros avantage d’un PER sur le défunt Madelin, c’est que le montant des versements est libre et qu’il est totalement transférable, par exemple, d’un statut à un autre, d’indépendant à salarié et vice-versa, ou encore, d’un PER à un autre PER.
Ce dernier point est particulièrement intéressant. L’esprit d’un PER est celui de la fourmi de la fable de La Fontaine, la Cigale et la Fourmi. Le but d’un PER n’est pas de spéculer ou de faire un « coup ». Mais, de récupérer un capital, si possible augmenté, en tout cas préservé, à l’issue d’un longue période.
C’est pourquoi la transférabilité des PER est un élément important de leur attractivité. En effet, elle permet d’inscrire facilement la gestion d’un PER dans une gestion d’actifs par horizons. Le souscripteur peut ainsi choisir en début de période de souscrire un PER Bancaire, puis le transformer en PER Assurance, quand la date de départ en retraite se rapproche.
Comment bien préparer sa retraite
D’une manière générale, on ne pense guère à sa retraite en début de carrière. On peut même y voir une sorte de frein à tout développement professionnel ultérieur. Surtout quand on fait le choix, toujours risqué, d’exercer une activité professionnelle en tant que freelance.
Il est tentant « d’oublier » le versement de cotisations qui réduisent, sur le moment, les capacités de financement, alors même que le besoin de financement nécessité par l’activité est très important.
Sauf que les ressources disponibles à l’heure de la retraite dépendent de versements effectués sur une très longue période. Comme ces versements s’inscrivent dans un système de retraite par répartition, ils ne sont pas, en général, suffisants pour garantir un bon niveau de retraite, si le revenu moyen des 25 meilleures années n’est pas lui-même assez élevé.
Par suite, c’est agir prudemment que de souscrire dès que possible un PER. A plus forte raison quand on est freelance.

A défaut, une fois retraité, reste toujours la possibilité de poursuivre son activité de freelance dans le cadre d’un cumul emploi-retraite.